Rouge Beauté œuvre pour le développement de micros-écoles d’arts appliqués à la production artisanale locale réalisée par les femmes à Madagascar. L’Association a choisi comme sites d’activité trois régions : la Haute Matsiatra, la Boeny et l’Analanjirofo pour y dispenser une formation artistique afin de développer la créativité. Son but est de mettre en valeur et de diversifier sensiblement la production artisanale locale afin d’en accroître la diffusion. Rouge Beauté vise l’autonomie financière de ces femmes qui peuvent maintenant produire, dans la durabilité, un artisanat créatif et original au sein de structures légères.

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mardi 26 novembre 2013

La pluie arrive

Ces quinze derniers jours à Mahajanga ont été très actifs, dès mon retour de Sainte Marie, nous avons reçu, pendant cinq jours, une dizaine de femmes de la région de Mintsinjo. J'en parlais dans le message du 6 octobre, en réponse à la demande de 6 associations de femmes de cette Région, nous allons les aider à transformer artisanalement leur matière première. Le raphia est en danger d'épuisement mais elles doivent pouvoir garder, voire améliorer, leur pouvoir d’achat tout en réduisant l’exploitation massive en raison de grosses commandes pour l’exportation de la part des Indopakistanais et des Grecs. 

Ces cinq jours ont été très fructueux, les femmes ont fait preuve d’une grande curiosité et d’une grande avidité à réaliser de nouveaux objets. Elles ont appris à tisser, à coudre à la machine, à teindre les fibres, à agencer les couleurs, à rechercher de nouvelles formes de corbeilles, à faire des chapeaux en assemblant des tresses… 



La rencontre avec les artisanes Rouge Beauté de Mahajanga a débouché sur de nouvelles créations pour les unes et  les autres. 

Les femmes de Mitsinjo avaient ramené des graines de raphia avec lesquelles nous avons créé des rideaux anti-mouches. 

Nous avons intégré les tresses ajourées à du tissu pour faire des rideaux et trouvé un nouveau modèle de corbeille en empruntant une technique à l’artisanat du penja. Il y a eu des couacs dont un affreux tapis de tresse ronde mais, c’est ça la création, il y a des ratés et c’est important d’en prendre conscience, on ne peut pas avancer sans prendre de risques.
À terme, les produits des artisanes de Mitsinjo prendront place dans la boutique Rouge Beauté de Petite Plage. 

La semaine dernière, les artisanes de Mahajanga se sont mesurées pour trouver de nouvelles combinaisons dans la composition des tresses plates, il y a eu quatre lauréates. Le mois prochain, le concours portera sur les rideaux.

Un nouveau modèle de sac, en raphia tissé, a vu le jour.



La pluie arrive et heureusement, c’est la sécheresse, le niveau d’eau du petit lac de Petite Plage a tellement baissé que, pour la plupart, les poissons sont morts. Avec la pluie, arrivent les letchis de la côte Est, je me régale.

Depuis dimanche, je suis à Fianarantsoa, le voyage s’est bien passé, il y avait deux gendarmes dans le taxi-brousse en raison de la présence de brigands sur le tronçon de la RN7 entre Ambositra et Ambohimahasoa. Du coup, nous sommes arrivés très tôt car nous avons passé très vite les innombrables contrôles policiers.

Cet après-midi, je vais aller rendre visite aux femmes de Tsaramandroso qui travaillent le sisal.

N'hésitez pas à faire des commentaires ou à poser des questions sur ce blog.

À bientôt


Rosemarie Martin

mercredi 6 novembre 2013

À Sainte Marie

Je suis à Sainte Marie. Cette fois-ci, il n’y a pas eu d’aventures avec Toto, le chauffeur de taxi-brousse car il est en train de changer son disque d’embrayage. Deux autres taxis-brousse ont pris la relève, il faut dire le trajet est beaucoup plus facile à effectuer maintenant depuis que les travaux de la nouvelle route sont bien avancés. Dans quelques mois, la mauvaise piste ne sera plus qu’un souvenir, bon pour les uns, mauvais pour les autres. Cette nouvelle route reliant, Ambodifotatra, le chef-lieu de canton, au nord de l’île où se situe, justement, Rouge Beauté, va changer la vie des habitants.
Lorsque la crise sociale et politique sera terminée et que les touristes reviendront, je pense que nous ressentirons sensiblement les effets de ce désenclavement.

Nous avons, toutefois, un nouveau problème, le petit hôtel-restaurant local, auquel nous sommes jumelés depuis quatre ans, est en train de péricliter, il est boudé par tous les professionnels du tourisme, pourtant, il est bien situé sur la route des «piscines naturelles», à un kilomètre du bourg. C’est là que je loge. Comme il n’y a pratiquement plus personne qui s’arrête cela nous fait un gros manque à gagner et à se faire connaître.

Une des artisanes nouvellement arrivée dans le groupe nous propose une parcelle de terrain très bien située dans le bourg d’Ambatoroa où nous pourrions construire un nouveau local, bien plus grand celui-ci, l’actuel, très vétuste, ne fait que 6m2. Nous allons étudier la question, ce serait dommage de passer à côté d’une telle occasion car les terrains libres sont rares sur l’île mais nous ne pouvons pas trop grignoter sur notre budget de fonctionnement très limité et nous n’avons pas encore fait de demande de subvention pour ce nouveau projet…

Comme je le disais dans un message du mois de mai, les festivités de la journée du 8 mars, très prisées à Madagascar, se tiendront à Ambatoroa cette année, toute l’Île sera là. J’y serai donc, moi aussi, car Rouge Beauté étant une association de femmes, nous sommes très sollicitées par les organisateurs notamment la FI.A.MA, Association des femmes malgaches très active et reconnue. Notre rôle sera primordial dans cette manifestation.

Peut-être qu’en lisant ces propos vous demandez-vous pourquoi l’Association Rouge Beauté ne travaille-t-elle qu’avec des femmes artisanes et non des hommes, pourquoi ce choix ? En fait, c’est parce qu’il y a beaucoup plus à faire auprès de artisanes qui, pour la plupart, contrairement aux hommes, ne sont pas considérées comme de vraies professionnelles, on estime qu’elles travaillent à leurs moments perdus, donc peu importe si les prix de leurs produits sont complètement sous-évalués. Nous faisons donc tout un travail de revalorisation.

Lors de ma petite soirée de départ à Ambatoroa, Philomène me faisait remarquer que dans le groupe Rouge Beauté d’Ambatoroa, plus de la moitié des artisanes sont sans mari, ce qui ne correspond pas dutout à la réalité sociale du village. C’était la première fois que j’entendais les  femmes aborder ce sujet, j’ai eu l’impression qu’elles étaient plutôt fières de se débrouiller toutes seules.

Hier, j’ai rencontré, Monsieur Bimba Onezito, représentant du Ministère de la Population et des Affaires sociales ainsi que Madame Julienne Rasoazandry, présidente à Sainte Marie de l’Association FI.A.MA, pour parler du projet de Maison des Artisanes de Sainte Marie à Ambodifotatra. Ce projet nous tient à cœur depuis longtemps mais il avait été mis entre parenthèses depuis la mort de Monsieur Bimba père dans un naufrage, il y a plus d’un an. Comme je l’ai déjà exprimé, les boutiques d’artisanat de l’Île ne vendent quasiment exclusivement que des produits de grossistes, rien à voir avec la production locale. Cette Maison des Artisanes, lieu de vente et de formation serait un outil de valorisation indispensable pour l’artisanat  saint-marien.

Décidément, la journée d’hier a été fructueuse car j’ai trouvé, dans l’après-midi, deux machines à coudre à pédale, Singer, d’occasion, de très belles machines à coudre. Celles qu’on trouve habituellement ici ne sont que des copies chinoises, de marque Sincère, ça ne s’invente pas, et croyez-moi, elles ne le sont pas, sincères, le look y est mais pas la qualité.

Sinon, nous attendons les résultats des élections, c’est le calme à Sainte Marie.

Samedi dernier, j’ai été invitée à un Retournement des morts, Famadihana, dans le village d’Ambatoroa, c’est un rite funéraire très répandu dans la plupart des tribus malgaches. Le rituel consiste à déterrer les os des ancêtres, à les envelopper cérémonieusement dans un lamba, tissu blanc, et à les promener en dansant autour de la tombe avant de les réenterrer. À Madagascar, les Famadihana ont lieu, en général, tous les sept ans et donnent lieu à de grandes festivités réunissant toute le famille et tous les membres du village.

Je rentre, aujourd’hui, à Mahajanga avant de repartir dans une quinzaine de jours à Fianarantsoa.

Rosemarie Martin