Rouge Beauté œuvre pour le développement de micros-écoles d’arts appliqués à la production artisanale locale réalisée par les femmes à Madagascar. L’Association a choisi comme sites d’activité trois régions : la Haute Matsiatra, la Boeny et l’Analanjirofo pour y dispenser une formation artistique afin de développer la créativité. Son but est de mettre en valeur et de diversifier sensiblement la production artisanale locale afin d’en accroître la diffusion. Rouge Beauté vise l’autonomie financière de ces femmes qui peuvent maintenant produire, dans la durabilité, un artisanat créatif et original au sein de structures légères.

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lundi 5 janvier 2015

Tratry ny taona 2015, bonne année

C’est la saison des pluies qui commence à Mahajanga, ce n’est pas pour rien que le mot « pluies » est au pluriel…

Je suis allée à Sainte Marie en décembre, Antoine est décédé, c’était lui le patron du petit hôtel restaurant, Chez Antoine, bien connu sur l'Île. Il nous avait prêté un petit bout de terrain accolé à son commerce pour construire notre boutique, Rouge Beauté. Antoine était une figure locale, certains d’entre-vous le connaissent sûrement, c’est toute une page de la vie du nord de l’Île qui part avec lui.


Heureusement qu'Antoine n’a pas su qu’un feu de brousse allait complètement dévaster son hôtel restaurant, quinze jours après sa mort. Quelle désolation, la langue de feu, telle une langue de lave, a tout dévasté sur son passage mais épargnant, étonnamment, notre micro-boutique et le bungalow où j’habitais. Néanmoins, nous ne pouvons absolument plus rester là, heureusement que nous avons trouvé un terrain au village pour y installer une nouvelle structure Rouge Beauté, nous cherchons activement des fonds pour cette construction depuis quelques temps déjà.

Malgré tous les problèmes, nous avons accueilli huit artisanes de Mananara, pour les former à la vannerie à la demande de l’association Vanille Bio Solidaire. Ce regain d’activité a remonté le moral de l’équipe un peu découragé depuis quelque temps.

À Mahajanga, ça va plutôt bien, le chiffre d’affaires a largement plus que doublé en 2014, la créativité décolle. Notre produit phare est la petite pochette en tresse de raphia. Nos nouveaux modèles de tapis ronds en raphia coloré ont, eux aussi, beaucoup de succès. Pourquoi sont-ils de toutes les couleurs, tout simplement parce qu’ils sont réalisés avec tous les restes de raphia qui ont servi à réaliser les autres objets Rouge Beauté.

Notre grand plan de formation est terminé mais tous les vendredis après-midi, nous continuons les cours de français et d’informatique qui nous sert , étonnamment, à faire passer le malgache écrit dont beaucoup de femmes ont tellement besoin. L’apprentissage du calcul se fait, comme la prose de Monsieur Jourdain, en calculant les surfaces et les prix des nouveaux modèles que les femmes apportent tous les lundis après-midi.


En ce moment, nous n’avons plus aucun contact avec les femmes de la région de Mitsinjo, injoignables pendant la saison des pluies. Comme vous le savez, nous avons commencé, depuis plus d’un an maintenant, une collaboration avec 5 associations de femmes de villages producteurs de raphia. Nous les formons à la transformation du raphia ce qui leur permet de conserver leur pouvoir d’achat tout en réduisant l’exploitation trop intensive du raphia.


À propos d’exploitation intensive, voilà, une fois de plus, un exemple de pillage des richesses naturelles dans ce beau pays : le crabe de mangrove qui ne va peut-être pas s’en sortir. « Les chiffres font froid dans le dos. L’exploitation de crabes vivants dans les mangroves malgaches est passée de 2 tonnes en 2009 à plus de 800 tonnes en 2013 et elle a atteint  1 400 tonnes en 2014 alors que nous n’en sommes qu’au premier semestre de l’année !  Un développement exponentiel qui s’explique par l’ouverture soudaine du marché chinois. « La pression du marché chinois est telle que Madagascar se trouve déjà devant un schéma de surexploitation de la ressource », déplore le programme SmartFish, une branche de la Commission de l’Océan Indien chargée de s’occuper des ressources halieutiques. {…} Le fond du problème est que les petits pêcheurs malgaches sont un tel état de dénuement qu’ils ne peuvent se permettre de faire l’impasse sur une rentrée d’argent, aussi modeste soit-elle, quitte à piller leurs ressources naturelles pour une petite somme d’argent. Ce qui est humain et pas tout à fait de leur faute, puisqu’ils ne cessent d’alerter les pouvoirs publics sur leur situation précaire et leur besoin d’aides. « On ne sait pas combien ils touchent pour la tonne de crabe, puisque la plupart des transactions se font dans la clandestinité la plus totale. Mais on est certain que c’est insignifiant par rapport au prix  final du crabe  une fois arrivé en Chine » {…} » Solofo Ranaivo, No Comment, Octobre 2014, le reste de l’article dans : http://www.nocomment.mg/crabes-de-mangrove/




Aujourd'hui, lundi, les femmes apportent leurs productions de la semaine, en raison des fêtes, il y en a moins de d’habitude.






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Rosemarie Martin