Rouge Beauté œuvre pour le développement de micros-écoles d’arts appliqués à la production artisanale locale réalisée par les femmes à Madagascar. L’Association a choisi comme sites d’activité trois régions : la Haute Matsiatra, la Boeny et l’Analanjirofo pour y dispenser une formation artistique afin de développer la créativité. Son but est de mettre en valeur et de diversifier sensiblement la production artisanale locale afin d’en accroître la diffusion. Rouge Beauté vise l’autonomie financière de ces femmes qui peuvent maintenant produire, dans la durabilité, un artisanat créatif et original au sein de structures légères.

r

r

samedi 16 mai 2015

Fianarantsoa,

Depuis le 7 mai, je suis dans la région de Fianarantsoa.
Les gens attendent beaucoup des élections municipales qui se tiendront en juillet, cette ville, objectivement, pourrait être jolie et bien plus touristique avec toutes ses belles collines, mais rien n’a été fait pour la mettre en valeur depuis des décennies. Les artisanes n’ont aucun endroit valable pour vendre leur production, mis à part le marché où les prix sont bradés. 
Le véritable problème des femmes artisanes, contrairement aux hommes, c’est qu’elles ne sont pas reconnues comme de vraies professionnelles, on considère qu’elles créent à leurs moments perdus et donc que cette activité n’est pas un véritable travail qui mérite une vraie rémunération. Les femmes participent elles-mêmes à cet état de fait puisqu’elles ne se battent pas pour se faire reconnaître à leur juste valeur.

À Mahajanga, avec notre structure et notre organisation, nous pouvons exposer, valoriser et vendre au prix le plus juste la production des femmes mais ici, je suis un peu désespérée, sans lieu de vente bien placé et bien conçu, aucun espoir n’est permis, je ne peux même pas pousser les artisanes à produire plus, pourquoi faire ?




Pourtant, les femmes de Andoabevava, petit village à côté de Tsaramandroso au sud de Fianarantsoa, s'accrochent, elle font un travail très dur, de la préparation du sisal à la vente du produit fini au marché et au « stationnement », gare des bus, mais pour gagner quoi ? D’une fois sur l’autre, je les vois vieillir et perdre leur entrain à toute vitesse même si elles font un gros effort pour la photo que nous mettrons sur Facebook qui a un gros succès jusque dans la brousse, ce monde est bien paradoxal.
https://www.youtube.com/watch?v=O52xQNQd8qM 

À Mahasoabe, apparemment, la situation est meilleure, la commune semble prospère, c’est sans doute dû à la découverte de gisements d’or ce qui doit poser d’autres problèmes sans doute. 
http://www.laverite.mg/index.php?option=com_content&view=article&id=3819:gestion-des-ruees-prevision-dassainissement-de-lor&catid=4:economie

J’y suis allée jeudi de l’Ascension, jour férié, en revenant, nous avons croisé des dizaines hommes à pied, portant des bidons vides, les fameux bidons jaunes recyclés qui contenaient 20 litres d’huile à l’origine. Le chauffeur du taxi-brousse a expliqué que ces personnes allaient acheter du tokagasy, rhum de fabrication locale, encore une production rentable de Mahasoabe. Je n’ai pas assisté au retour, mais il devait être plus lent et plus vacillant.

Les artisanes, elles, avaient produit, une fois de plus, des objets de qualité, tapis en sisal et boîtes de toutes tailles, sandrify, portes lunettes, paniers… en forona, variété de ravindahasa, jonc.


Cet après-midi, j’ai rencontré Simona, son association réalise des bemiray, patchworks en tissus de récupération. Nous avons cherché des modèles de sac cabas à faire en soga, toile écrue de fabrication locale, car depuis le 1er mai, l'importation de sachets plastiques est interdite à Madagascar et à partir d'octobre ce sera la fabrication, la vente et l'utilisation qui seront interdites.

Demain départ sur Tana, j’ai pas mal d’achats à faire pour la coopérative de l’Association, du fil et du tissu pour la broderie et les doublures de sacs, j’achète des fins de coupons Cotona, de production locale, ils sont abordables au marché. C’est à Antananarivo que je trouve aussi certaines anses de cuir, les fermetures éclairs, la teinture… Cette fois-ci, je vais aussi rapporter des moules à chapeaux.


Mardi, retour à Mahajanga, à suivre...



Rosemarie Martin