Rouge Beauté œuvre pour le développement de micros-écoles d’arts appliqués à la production artisanale locale réalisée par les femmes à Madagascar. L’Association a choisi comme sites d’activité trois régions : la Haute Matsiatra, la Boeny et l’Analanjirofo pour y dispenser une formation artistique afin de développer la créativité. Son but est de mettre en valeur et de diversifier sensiblement la production artisanale locale afin d’en accroître la diffusion. Rouge Beauté vise l’autonomie financière de ces femmes qui peuvent maintenant produire, dans la durabilité, un artisanat créatif et original au sein de structures légères.

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mardi 15 mars 2016

Les fibres naturelles

En ce moment, il y a un gros problème foncier à Belinta, le village d'où sont issues le plus grand nombre de femmes Rouge Beauté. Un grand terrain dont les propriétaires ne se sont pas occupé pendant des décennies a été investi peu à peu par des dizaines de familles, cela représente plusieurs centaines de personnes qui se sont fait éjecter de leurs maisons par un huissier et ses aides en février, l'armée est intervenue pendant plusieurs jours, un procès est en cours mais le jugement est sans cesse reporté...

Vendredi dernier, à l'heure du cours d'informatique, nous avons parlé de « La journée des droits de la femme » très fêtée par les femmes de Madagascar qui vont toutes défiler, nous avons donc dû fermer la boutique le mardi 8 mars. Seulement, la situation n'est pas brillante, un sondage communiqué sur RFI ce jour-là indiquait que 50% des personnes interrogées hommes et femmes confondus, pensent que les violences conjugales sont normales. Le droit coutumier, en général peut favorable aux femmes, prend souvent le pas sur la législation officielle. La discussion a été très animée avec beaucoup de rires pour un sujet grave mais je sais que le rire à Madagascar est bien plus que cela, c'est aussi l'expression de la peur, souvent de la gêne, voire de la colère... Il y a eu une longue discussion sur le rôle de la femme dans la société, épouse et mère et... c'est tout ! Sur le fait que dans certaines familles, les femmes sont au service, elles préparent à manger pour les hommes et ne mangent elles-mêmes que les restes s'il y en a, s'il n'y en a pas elles raclent le riz brulé au fond de la marmite. Il était clair par leurs attitudes que certaines artisanes étaient réprobatrices de cette discussion mais, bien que sollicitées, elles n'ont pas voulues s'exprimer...

Sinon, il y a maintenant une équipe de football Rouge Beauté. Étant arrivées en quart de finale dans un tournoi local, sans entrainement aucun, les artisanes ont décidé de s'entrainer toute l'année, deux fois par semaine, tout ça en plus de la zumba gazy du mercredi matin. L'année 2016 s'annonce très sportive ! C'est très positif car les femmes commencent maintenant à s'inquiéter de leur santé et de leur bien-être sans parler de l'esprit d'équipe qui se renforce dans ce groupe quand même constitué de six ethnies.

Nous montrons souvent nos produits mais peu les matériaux qui les constituent. Les artisanes Rouge Beauté utilisent en priorité des matières naturelles produites à Madagascar.





Le satrana est une variété de palmier, typique de la côte ouest de Madagascar, dont les feuilles sont utilisées couramment dans la composition des toitures dans cette région et dans la confection des nattes. Les artisanes de Mahajanga emploient la technique du tissage et du tressage à noeuds pour travailler le satrana afin de fabriquer des paniers, des corbeilles, des sets de table, des tapis, des rideaux…
 

Le raphia (mot d'origine malgache attesté en 1781) est une variété de palmier de la famille des Arecacea que l'on rencontre dans les milieux marécageux et le long des fleuves en Afrique et en Amérique Centrale. L'espèce Raphia farinifera originaire de Madagascar donne une fibre provenant de ses feuilles qui, par extension, porte le nom de raphia. À Mahajanga, cette fibre est très utilisée par les artisanes Rouge Beauté, nous allons la chercher en pleine brousse, à 80 km au sud dans le district de Mitsinjo.
Les diverses techniques appliquées par les artisanes sont le tissage et le tressage.
En tissant, les femmes confectionnent des tapis, des rideaux, des sets de table, des sacs…
En tressant, elles confectionnent des sacs, des cache-pots, des sets de tables, des tapis à Majunga.
À Sainte Marie, le raphia est employé traditionnellement pour faire des presse-coco. Les artisanes Rouge Beauté utilisent la même technique pour réaliser des filtres, plus petits, pour le café ou le thé.

Le Taretra, sisal, est une variété d’agave, originaire de l'est du Mexique. Sisal est également le nom de la fibre extraite des feuilles de cette plante. Très résistante, cette fibre sert à la fabrication de cordage, de tissus grossiers, de tapis... Annuellement, Madagascar produirait 10 000 tonnes de sisal en moyenne, soit environ 3% des besoins mondiaux.


Les artisanes, Rouge Beauté, de la région de Haute Matsiatra, extraient la fibre de la feuille à l’aide d’une raclette en fer, la font sécher, la teignent éventuellement, puis la tressent. Ensuite, les tresses sont cousues ensemble ou tissées.

Les ravindahasa, les joncs : à Madagascar, il existe beaucoup de variétés de joncs. Ils possèdent des qualités diverses: le forona, le zozora, le vinda particulièrement résistant, l’arefo qui est très souple, le penja qui est blanc à l’intérieur…

On les tresse pour faire des nattes, sets de table, corbeilles, abat-jour, poufs, sandrify, pochettes, sacs…

Les teintures :
Pour les couleurs vives telles que le rose, le bleu, le vert, le violet... les artisanes utilisent des colorants artificiels cependant, à Rouge Beauté, nous essayons de privilégier les teintures naturelles : curcuma, cendre, métal rouillé, pelures d’oignon, champignon de l'Eucalyptus, le « taikininina »… Ces techniques nous permettent de produire des couleurs allant du jaune au noir en passant par toutes les gammes de marron.

La racine de tamitamy, curcuma, dans une teinture à chaud, donne un jaune éclatant.
Sur une teinture au tamitamy encore humide, le frottage à la cendre de bois donne un marron oranger

Comme le champignon « taikininina », l’écorce de Honko, palétuvier produit selon le temps de trempage, à froid, un marron clair pour quelques heures, jusqu’à un noir intense pour quelques jours. Cependant nous ne pouvons plus utiliser palétuvier car il est désormais protégé.


L'ambiance, la production et la créativité se portent bien à Rouge Beauté, Mahajanga.

Au mois d'avril, je partirai à Fianarantsoa pour une quinzaine de jours.

Surtout si vous en avez l'occasion allez voir la page FaceBook Rouge Beauté Madagascar :
https://www.facebook.com/pages/Rouge-Beauté-Madagascar/684412314920383?fref=ts, nous y mettons des photos toutes les semaines, nous recevons en moyenne entre 2000 et 5000 visiteurs par semaine. Dans la semaine du 8 février, nous avons fait le buzz avec plus de 50000 visiteurs !!!


À suivre...

Rosemarie Martin

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