Rouge Beauté œuvre pour le développement de micros-écoles d’arts appliqués à la production artisanale locale réalisée par les femmes à Madagascar. L’Association a choisi comme sites d’activité trois régions : la Haute Matsiatra, la Boeny et l’Analanjirofo pour y dispenser une formation artistique afin de développer la créativité. Son but est de mettre en valeur et de diversifier sensiblement la production artisanale locale afin d’en accroître la diffusion. Rouge Beauté vise l’autonomie financière de ces femmes qui peuvent maintenant produire, dans la durabilité, un artisanat créatif et original au sein de structures légères.

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lundi 13 août 2012

Focus sur Mahajanga


Je suis en France pour deux mois.

Focus sur Majunga et l’organisation de sa micro-école Rouge Beauté.






Mahajanga est une ville très cosmopolite. Il y a en moment, 22 artisanes inscrites à Rouge Beauté, ces femmes sont issues de 6 ethnies différentes, issues de différentes régions de Madagascar dont certaines sont très loin : les Merina à Antananarivo, les Betsileo à Fianarantsoa, les Betsirebaka à Manakara au sud-est du pays, les Tsihemety à Port Berger au nord centre, les Sakalava de la région de Mahajanga, bien sûr et même une Comorienne… Il y a beaucoup de va et vient, chaque ethnie se déplace ici faire un travail précis : les Betsileo de la région de Fianarantsoa cultivent la terre, les Antandroy, du sud de Tulear, conduisent les pousse-pousse et font la  vente ambulante de fruits en portant de grosses bassines sur la tête, les Sakalava pêchent et vendent le poisson... À l’occasion d’un événement familial, d’un mariage mais le plus souvent d’un enterrement, les gens retournent dans leur famille, il arrive souvent qu’ils ne reviennent pas, la plupart ont contracté des dettes pour partir et ne peuvent ni les rembourser, ni payer leur voyage de retour, sans compter que chacun vit dans le présent. Avec la crise, il y a des personnes qui quittent une région, tout simplement, parce qu’elles y ont trop de dettes, la crise ne fait qu’accentuer ce phénomène.

Organisation de la micro-école : Les femmes artisanes ne travaillent que l’après-midi, la matinée étant consacrée à la famille. Elles travaillent souvent chez elles (Rouge Beauté a équipé chaque artisane qui tisse le raphia d’un métier à tisser) mais, il y a deux après-midi obligatoires, à l’Association : le lundi et le vendredi.
Le lundi : chaque femme apporte sa production, c’est la discussion autour des nouvelles créations, le point sur la production à venir en fonction des savoir-faire et des ventes, répartition des gains, formation design, information sur les événements à venir…
Le vendredi : cours de langue, initiation à l’informatique.

Afin d’améliorer la production, nous encourageons vivement, celles qui le peuvent à venir travailler 2 ou 3 jours par semaine à l’Association. Il y a possibilité de faire la cuisine sur place.

Jusqu’ici, 30% des gains étaient mis de côté, 15% pour l’achat de matériaux, 15% pour la vendeuse. Mais compte tenu que la matière nécessaire à la confection d’un objet n’est pas la même pour tout le monde, cela pose des problèmes d’équitabilité, donc de jalousie.

 Nous projetons de créer une coopérative d’achat afin que les artisanes puissent se responsabiliser dans leurs investissements et acheter la matière première moins chère, sans subir la spéculation.Pour le raphia, nous mettons en place un système, genre AMAP, avec les autres artisans labellisés de Mahajanga.

 Depuis deux ans, nous avons conçu des outils de gestion et de contrôle :
Des fiches de produit qui permettent d’identifier et d’évaluer le coût de tout nouvel objet.
Le double étiquetage : une étiquette qui reste à la caisse pour le contrôle des comptes, une pour le client qui permet la traçabilité du produit.
Un cahier de caisse faisant apparaître les gains et les pourcentages.
Un cahier d’inventaire : à ce jour nous avons réalisé pas loin de 1000 objets.



J’ai eu récemment des nouvelles de Sainte Marie. La petite structure d’Ambatoroa fonctionne sur le même modèle que celle de Mahajanga, en plus modeste. Les femmes ont été très actives ces derniers mois avec les commandes de grands Hôtels, le Soanambo et Lakana. Un nouveau magasin d’artisanat, le Couleur café, s’est ouvert à Ambodifotatra. Contrairement aux autres boutiques qui vendent essentiellement des produits de grossistes, non fabriqués sur l’Île, le Couleur Café présente surtout des produits locaux, c’est le choix de Paola, la jeune patronne, qui a passé de nombreuses commandes au groupe Rouge Beauté.
Un petit bémol cependant, d’après deux voyageurs rencontrés il y a peu, la boutique d’Ambatoroa ne serait pas ouverte tous les jours… Cela devrait s’arranger après quelques conversations téléphoniques, c’est très important car même si les artisanes ont du travail en ce moment, cette boutique, c’est leur vitrine.

Je rentre à Madagascar le 4 septembre pour me rendre directement à Mahajanga, car il y a la ligne Angaya à préparer pour la présentation à Solidarissimo à Colmar avec tous les labellisés en novembre. Ce Salon est dédié au tourisme et à l’économie solidaire en partenariat avec Tourisme Sans Frontière.
Au programme également, pour cette rentrée une visite d’une quinzaine de jours à Fianarantsoa à la mi-octobre.


En attendant, l’Assemblée Générale, Rouge Beauté se tiendra le 1er septembre, à 19h, elle sera suivie d’une soirée de soutien à 20h, cette soirée est ouverte à toute personne intéressée par l’Association, il suffit de nous contacter pour obtenir les informations nécessaires.

Rosemarie Martin