Rouge Beauté œuvre pour le développement de micros-écoles d’arts appliqués à la production artisanale locale réalisée par les femmes à Madagascar. L’Association a choisi comme sites d’activité trois régions : la Haute Matsiatra, la Boeny et l’Analanjirofo pour y dispenser une formation artistique afin de développer la créativité. Son but est de mettre en valeur et de diversifier sensiblement la production artisanale locale afin d’en accroître la diffusion. Rouge Beauté vise l’autonomie financière de ces femmes qui peuvent maintenant produire, dans la durabilité, un artisanat créatif et original au sein de structures légères.

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mardi 6 octobre 2015

Rouge Beauté, développement de la créativité



Me voilà de retour à Mahajanga depuis bientôt un mois, j'ai retrouvé Rouge Beauté avec joie, les femmes ont fait un bon mois de juillet, les mois d'aout et septembre sont un peu moins bons. C'est toujours le même phénomène quand je m'absente trop longtemps, les commandes prennent le pas sur la créativité.









C'est compliqué cette histoire de commande, on pourrait, très justement, se faire la réflexion : mais pourquoi n'est-elle pas contente car beaucoup de commandes induisent beaucoup d'argent ? Et par rapport à la créativité, l'argument des commanditaires, c'est de dire : mais justement, nous les aidons à créer car nous apportons de nouveaux modèles. À cela, je réponds non, exécuter des modèles qu'on nous impose, ce n'est pas les créer. Quand à l'argument financier, il n'est pas valable car un nouveau modèle à exécuter, c'est se coltiner avec de nouvelles teintures à faire et des techniques dont nous ne sommes pas familières... donc c'est beaucoup plus de temps pour un travail qui ne va pas donner entière satisfaction au commanditaire car la plupart du temps la commande est orale ce qui occasionne souvent de l'incompréhension mutuelle.
Pour certains commerçants ou « créateurs », les artisanes Rouge Beauté représentent avant tout une main d'oeuvre pas chère avec un certain savoir faire et un certain cadrage. Effectivement, nous sommes meilleur marché qu'à Antananarivo et a fortiori que dans d'autres pays occidentaux.
Ce que je remets en cause, ce ne sont pas les commandes de nos propres produits, celles-là bien sûr, nous avons plaisir à les honorer mais ce que je crains c'est que les artisanes deviennent de simples exécutantes alors qu'elles ont prouvé qu'elles pouvaient faire beaucoup mieux.

Je ne veux pas oublier la mission première de Rouge Beauté qui est le développement créatif suivi du développement du marché local.

Heureusement que, même si la boutique manque de diversité depuis quelques temps, il y a toujours de nouvelles productions. En ce moment, ce sont les tapis en raphia tressé et les rideaux brodés Richelieu qui font le buzz et Robine vient aussi de faire une nouvelle série de chapeaux, très beaux !



En septembre, nous avons participé à La Journées Mondiales du Tourisme à Mahajanga, il y avait un espace expo-vente pour l'artisanat. Les femmes sont assez découragées car à chaque fois que nous participons à un tel évènement, foire, festival... c'est beaucoup de travail, du temps passé, de l'argent dépensé et très, très peu de ventes. On nous dit : vous vous faites connaître, mais en fait la seule chose qui nous arrive, c'est qu'on nous « emprunte » nos modèles. Pour l'instant, les réseaux sociaux nous apportent beaucoup plus de notoriété. Nous allons quand même continuer à participer à ce type de manifestation, mais en toute connaissance de cause ce qui évitera les déceptions.


Les femmes du district de Mitsinjo, sont passées à Rouge Beauté à l'occasion de la Journée Mondiale du Tourisme, nous en avons profité pour animer une demi journée de formation et avons convenu d'organiser leur prochain stage fin octobre, début novembre, il va porter cette fois-ci sur de nouvelles techniques d'utilisation du raphia. Nous allons également revoir ce que nous avions abordé la dernière fois : les rideaux de porte en graines et bambou.

Lundi dernier nous avons amélioré notre signalétique avec une nouvelle pancarte « Rouge Beauté, c'est ici » mais dès mardi le bus 15 l'a fait voler en éclat. Depuis, nous l'avons rafistolée mais elle a bien moins fière allure maintenant !

J'ai régulièrement des nouvelles de Fianarantsoa et de Sainte Marie, ça va doucement, je m'y rendrai en novembre/décembre.


En écrivant ces quelques mots, j'ai devant moi un paysage paisible, quelques zébus paissent, des moutons bêlent, des oiseaux de toutes sortes crient et volent en tourbillonnant dans le vent, des paysans penchés sur la terre cultivent leurs brèdes autour de l'étang dans lequel un homme fait ses ablutions, une femme lave le linge et le fait sécher dans l'herbe, une autre trie le riz devant sa maison. Un tableau pastoral par excellence sauf que c'est la réalité.


Pour finir, une mini vidéo des enfants qui jouent à l'atelier pendant que les mamans travaillent :



Rosemarie Martin