En
ce moment, il y a un gros problème foncier à Belinta, le village
d'où sont issues le plus grand nombre de femmes Rouge Beauté. Un
grand terrain dont les propriétaires ne se sont pas occupé pendant
des décennies a été investi peu à peu par des dizaines de
familles, cela représente plusieurs centaines de personnes qui se
sont fait éjecter de leurs maisons par un huissier et ses aides en
février, l'armée est intervenue pendant plusieurs jours, un procès
est en cours mais le jugement est sans cesse reporté...
Vendredi dernier, à l'heure du cours d'informatique, nous avons parlé de
« La journée des droits de la femme » très fêtée par
les femmes de Madagascar qui vont toutes défiler, nous avons donc dû
fermer la boutique le mardi 8 mars. Seulement, la situation n'est pas
brillante, un sondage communiqué sur RFI ce jour-là indiquait que
50% des personnes interrogées hommes et femmes confondus, pensent
que les violences conjugales sont normales. Le droit coutumier, en
général peut favorable aux femmes, prend souvent le pas sur la
législation officielle. La discussion a été très animée avec
beaucoup de rires pour un sujet grave mais je sais que le rire à
Madagascar est bien plus que cela, c'est aussi l'expression de la
peur, souvent de la gêne, voire de la colère... Il y a eu une
longue discussion sur le rôle de la femme dans la société, épouse
et mère et... c'est tout ! Sur le fait que dans certaines
familles, les femmes sont au service, elles préparent à manger pour
les hommes et ne mangent elles-mêmes que les restes s'il y en a,
s'il n'y en a pas elles raclent le riz brulé au fond de la marmite.
Il était clair par leurs attitudes que certaines artisanes étaient
réprobatrices de cette discussion mais, bien que sollicitées, elles
n'ont pas voulues s'exprimer...
Sinon,
il y a maintenant une équipe de football Rouge Beauté. Étant
arrivées en quart de finale dans un tournoi local, sans entrainement
aucun, les artisanes ont décidé de s'entrainer toute l'année, deux
fois par semaine, tout ça en plus de la zumba
gazy
du mercredi matin. L'année 2016 s'annonce très sportive !
C'est très positif car les femmes commencent maintenant à
s'inquiéter de leur santé et de leur bien-être sans parler de
l'esprit d'équipe qui se renforce dans ce groupe quand même
constitué de six ethnies.
Nous montrons souvent nos produits mais peu les matériaux qui les
constituent. Les
artisanes Rouge Beauté utilisent en priorité des matières
naturelles produites à Madagascar.
Le
satrana
est
une variété de palmier, typique de la côte ouest de Madagascar,
dont les feuilles sont utilisées couramment dans la composition des
toitures dans cette région et dans la confection des nattes. Les
artisanes de Mahajanga emploient la technique du tissage et du
tressage à noeuds pour travailler le satrana
afin de fabriquer des paniers, des corbeilles, des sets de table,
des tapis, des rideaux…
Le
raphia
(mot d'origine malgache attesté en 1781) est une variété de
palmier de la famille des Arecacea
que l'on rencontre dans les milieux marécageux et le long des
fleuves en Afrique et en Amérique Centrale. L'espèce Raphia
farinifera
originaire de Madagascar donne une fibre provenant de ses feuilles
qui, par extension, porte le nom de raphia. À Mahajanga, cette fibre
est très utilisée par les artisanes Rouge Beauté, nous allons la
chercher en pleine brousse, à 80 km au sud dans le district de
Mitsinjo.
Les
diverses techniques appliquées par les artisanes sont le tissage et
le tressage.
En
tissant, les femmes confectionnent des tapis, des rideaux, des sets
de table, des sacs…
En
tressant, elles confectionnent des sacs, des cache-pots, des sets de
tables, des tapis à Majunga.
À
Sainte Marie, le raphia est employé traditionnellement pour faire
des presse-coco. Les artisanes Rouge Beauté utilisent la même
technique pour réaliser des filtres, plus petits, pour le café ou
le thé.
Le
Taretra,
sisal, est
une variété d’agave, originaire de l'est du Mexique. Sisal
est également le nom de la fibre extraite des feuilles de cette
plante. Très résistante, cette fibre sert à la fabrication de
cordage, de tissus grossiers, de tapis... Annuellement,
Madagascar produirait 10 000 tonnes de sisal en moyenne, soit
environ 3% des besoins mondiaux.
Les
artisanes, Rouge Beauté, de la région de Haute Matsiatra, extraient
la fibre de la feuille à l’aide d’une raclette en fer, la font
sécher, la teignent éventuellement, puis la tressent. Ensuite,
les tresses sont cousues ensemble ou tissées.
Les
ravindahasa,
les joncs :
à Madagascar, il existe
beaucoup de variétés de joncs. Ils possèdent des qualités
diverses: le
forona,
le zozora,
le
vinda
particulièrement résistant, l’arefo
qui
est
très souple, le penja
qui est blanc à l’intérieur…
On les tresse pour faire des nattes, sets de table, corbeilles,
abat-jour, poufs, sandrify,
pochettes, sacs…
Les teintures :
Pour
les couleurs vives telles que le rose, le bleu, le vert, le violet...
les artisanes utilisent des colorants artificiels cependant, à Rouge
Beauté, nous essayons de privilégier les teintures naturelles :
curcuma, cendre, métal rouillé, pelures d’oignon, champignon de
l'Eucalyptus,
le
« taikininina »…
Ces techniques
nous permettent de produire des couleurs allant du jaune au noir en
passant par toutes les gammes de marron.
La
racine de tamitamy,
curcuma, dans une teinture à chaud, donne un jaune éclatant.
Sur
une teinture au tamitamy
encore
humide,
le frottage à la cendre de bois donne un marron oranger
Comme
le champignon « taikininina »,
l’écorce de Honko,
palétuvier produit selon le temps de trempage, à froid, un marron
clair pour quelques heures, jusqu’à un noir intense pour quelques
jours. Cependant nous ne pouvons plus utiliser palétuvier car il
est désormais protégé.
L'ambiance,
la production et la créativité se portent bien à Rouge Beauté,
Mahajanga.
Au
mois d'avril, je partirai à Fianarantsoa pour une quinzaine de
jours.
Surtout
si vous en avez l'occasion allez voir la page FaceBook Rouge Beauté
Madagascar :
https://www.facebook.com/pages/Rouge-Beauté-Madagascar/684412314920383?fref=ts, nous y mettons des photos toutes les semaines, nous recevons en
moyenne entre 2000 et 5000 visiteurs par semaine. Dans la semaine du
8 février, nous avons fait le buzz avec plus de 50000 visiteurs !!!
À
suivre...
Rosemarie Martin
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