Rouge Beauté œuvre pour le développement de micros-écoles d’arts appliqués à la production artisanale locale réalisée par les femmes à Madagascar. L’Association a choisi comme sites d’activité trois régions : la Haute Matsiatra, la Boeny et l’Analanjirofo pour y dispenser une formation artistique afin de développer la créativité. Son but est de mettre en valeur et de diversifier sensiblement la production artisanale locale afin d’en accroître la diffusion. Rouge Beauté vise l’autonomie financière de ces femmes qui peuvent maintenant produire, dans la durabilité, un artisanat créatif et original au sein de structures légères.

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mercredi 25 décembre 2013

Noël sous les tropiques

Les femmes de Tsaramandroso m’ont accueillie très chaleureusement comme d’habitude.
En Haute Matsiatra, j’encadre donc, deux fois par an, 4 à 6 associations, à Fianarantsoa même, à Tsaramandroso, un quartier éloigné du centre ville et à Mahasoabe à une vingtaine de kilomètres.
Le voyage pour Mahasoabe, en taxi-brousse local, que je craignais, s’est avéré très drôle, après quelques petites pannes à l’aller, au retour, nous avons eu droit à une joute verbale réjouissante entre deux villageois pleins d’humour et légèrement grisés, il faut le dire, comme tous les autres passagers revenant du marché de Mahasoabe. J’ai passé un très bon moment.










Je progresse en malgache, je viens de réaliser que le champignon, Tay kinina, pour la teinture,  dont je rebats les oreilles à tout le monde, se traduit littéralement « merde de quinine », en fait, c’est un champignon qui pousse au pied des eucalyptus et il a bien l’air de son nom mais il est très efficace pour obtenir des teintes allant du marron clair au noir.

Un seul bémol, sur les Hauts Plateaux, les pluies torrentielles et orages tous les après-midi.











Je suis de retour Mahajanga, à depuis quinze jours et n’en bougerai pas avant début mars.Le groupe de femmes Rouge Beauté continu à s’étoffer suite à une information faite lors d’une réunion de Fokontany, le Fokontany est une subdivision administrative qui gère un ou plusieurs villages ou un quartier. Les nouvelles recrues viennent donc essentiellement du village de Petite Plage, là où nous sommes implantés.
Nous organisons, depuis quelque temps, un concours de créativité tous les mois, lundi dernier, c’était sur le thème du tissage et des rideaux, il y a eu 3 lauréates.

En ce jour de Noël, tout est calme, nous craignons un peu les réactions à l’annonce des résultats électoraux courant janvier...




À bientôt

Rosemarie Martin




mardi 26 novembre 2013

La pluie arrive

Ces quinze derniers jours à Mahajanga ont été très actifs, dès mon retour de Sainte Marie, nous avons reçu, pendant cinq jours, une dizaine de femmes de la région de Mintsinjo. J'en parlais dans le message du 6 octobre, en réponse à la demande de 6 associations de femmes de cette Région, nous allons les aider à transformer artisanalement leur matière première. Le raphia est en danger d'épuisement mais elles doivent pouvoir garder, voire améliorer, leur pouvoir d’achat tout en réduisant l’exploitation massive en raison de grosses commandes pour l’exportation de la part des Indopakistanais et des Grecs. 

Ces cinq jours ont été très fructueux, les femmes ont fait preuve d’une grande curiosité et d’une grande avidité à réaliser de nouveaux objets. Elles ont appris à tisser, à coudre à la machine, à teindre les fibres, à agencer les couleurs, à rechercher de nouvelles formes de corbeilles, à faire des chapeaux en assemblant des tresses… 



La rencontre avec les artisanes Rouge Beauté de Mahajanga a débouché sur de nouvelles créations pour les unes et  les autres. 

Les femmes de Mitsinjo avaient ramené des graines de raphia avec lesquelles nous avons créé des rideaux anti-mouches. 

Nous avons intégré les tresses ajourées à du tissu pour faire des rideaux et trouvé un nouveau modèle de corbeille en empruntant une technique à l’artisanat du penja. Il y a eu des couacs dont un affreux tapis de tresse ronde mais, c’est ça la création, il y a des ratés et c’est important d’en prendre conscience, on ne peut pas avancer sans prendre de risques.
À terme, les produits des artisanes de Mitsinjo prendront place dans la boutique Rouge Beauté de Petite Plage. 

La semaine dernière, les artisanes de Mahajanga se sont mesurées pour trouver de nouvelles combinaisons dans la composition des tresses plates, il y a eu quatre lauréates. Le mois prochain, le concours portera sur les rideaux.

Un nouveau modèle de sac, en raphia tissé, a vu le jour.



La pluie arrive et heureusement, c’est la sécheresse, le niveau d’eau du petit lac de Petite Plage a tellement baissé que, pour la plupart, les poissons sont morts. Avec la pluie, arrivent les letchis de la côte Est, je me régale.

Depuis dimanche, je suis à Fianarantsoa, le voyage s’est bien passé, il y avait deux gendarmes dans le taxi-brousse en raison de la présence de brigands sur le tronçon de la RN7 entre Ambositra et Ambohimahasoa. Du coup, nous sommes arrivés très tôt car nous avons passé très vite les innombrables contrôles policiers.

Cet après-midi, je vais aller rendre visite aux femmes de Tsaramandroso qui travaillent le sisal.

N'hésitez pas à faire des commentaires ou à poser des questions sur ce blog.

À bientôt


Rosemarie Martin

mercredi 6 novembre 2013

À Sainte Marie

Je suis à Sainte Marie. Cette fois-ci, il n’y a pas eu d’aventures avec Toto, le chauffeur de taxi-brousse car il est en train de changer son disque d’embrayage. Deux autres taxis-brousse ont pris la relève, il faut dire le trajet est beaucoup plus facile à effectuer maintenant depuis que les travaux de la nouvelle route sont bien avancés. Dans quelques mois, la mauvaise piste ne sera plus qu’un souvenir, bon pour les uns, mauvais pour les autres. Cette nouvelle route reliant, Ambodifotatra, le chef-lieu de canton, au nord de l’île où se situe, justement, Rouge Beauté, va changer la vie des habitants.
Lorsque la crise sociale et politique sera terminée et que les touristes reviendront, je pense que nous ressentirons sensiblement les effets de ce désenclavement.

Nous avons, toutefois, un nouveau problème, le petit hôtel-restaurant local, auquel nous sommes jumelés depuis quatre ans, est en train de péricliter, il est boudé par tous les professionnels du tourisme, pourtant, il est bien situé sur la route des «piscines naturelles», à un kilomètre du bourg. C’est là que je loge. Comme il n’y a pratiquement plus personne qui s’arrête cela nous fait un gros manque à gagner et à se faire connaître.

Une des artisanes nouvellement arrivée dans le groupe nous propose une parcelle de terrain très bien située dans le bourg d’Ambatoroa où nous pourrions construire un nouveau local, bien plus grand celui-ci, l’actuel, très vétuste, ne fait que 6m2. Nous allons étudier la question, ce serait dommage de passer à côté d’une telle occasion car les terrains libres sont rares sur l’île mais nous ne pouvons pas trop grignoter sur notre budget de fonctionnement très limité et nous n’avons pas encore fait de demande de subvention pour ce nouveau projet…

Comme je le disais dans un message du mois de mai, les festivités de la journée du 8 mars, très prisées à Madagascar, se tiendront à Ambatoroa cette année, toute l’Île sera là. J’y serai donc, moi aussi, car Rouge Beauté étant une association de femmes, nous sommes très sollicitées par les organisateurs notamment la FI.A.MA, Association des femmes malgaches très active et reconnue. Notre rôle sera primordial dans cette manifestation.

Peut-être qu’en lisant ces propos vous demandez-vous pourquoi l’Association Rouge Beauté ne travaille-t-elle qu’avec des femmes artisanes et non des hommes, pourquoi ce choix ? En fait, c’est parce qu’il y a beaucoup plus à faire auprès de artisanes qui, pour la plupart, contrairement aux hommes, ne sont pas considérées comme de vraies professionnelles, on estime qu’elles travaillent à leurs moments perdus, donc peu importe si les prix de leurs produits sont complètement sous-évalués. Nous faisons donc tout un travail de revalorisation.

Lors de ma petite soirée de départ à Ambatoroa, Philomène me faisait remarquer que dans le groupe Rouge Beauté d’Ambatoroa, plus de la moitié des artisanes sont sans mari, ce qui ne correspond pas dutout à la réalité sociale du village. C’était la première fois que j’entendais les  femmes aborder ce sujet, j’ai eu l’impression qu’elles étaient plutôt fières de se débrouiller toutes seules.

Hier, j’ai rencontré, Monsieur Bimba Onezito, représentant du Ministère de la Population et des Affaires sociales ainsi que Madame Julienne Rasoazandry, présidente à Sainte Marie de l’Association FI.A.MA, pour parler du projet de Maison des Artisanes de Sainte Marie à Ambodifotatra. Ce projet nous tient à cœur depuis longtemps mais il avait été mis entre parenthèses depuis la mort de Monsieur Bimba père dans un naufrage, il y a plus d’un an. Comme je l’ai déjà exprimé, les boutiques d’artisanat de l’Île ne vendent quasiment exclusivement que des produits de grossistes, rien à voir avec la production locale. Cette Maison des Artisanes, lieu de vente et de formation serait un outil de valorisation indispensable pour l’artisanat  saint-marien.

Décidément, la journée d’hier a été fructueuse car j’ai trouvé, dans l’après-midi, deux machines à coudre à pédale, Singer, d’occasion, de très belles machines à coudre. Celles qu’on trouve habituellement ici ne sont que des copies chinoises, de marque Sincère, ça ne s’invente pas, et croyez-moi, elles ne le sont pas, sincères, le look y est mais pas la qualité.

Sinon, nous attendons les résultats des élections, c’est le calme à Sainte Marie.

Samedi dernier, j’ai été invitée à un Retournement des morts, Famadihana, dans le village d’Ambatoroa, c’est un rite funéraire très répandu dans la plupart des tribus malgaches. Le rituel consiste à déterrer les os des ancêtres, à les envelopper cérémonieusement dans un lamba, tissu blanc, et à les promener en dansant autour de la tombe avant de les réenterrer. À Madagascar, les Famadihana ont lieu, en général, tous les sept ans et donnent lieu à de grandes festivités réunissant toute le famille et tous les membres du village.

Je rentre, aujourd’hui, à Mahajanga avant de repartir dans une quinzaine de jours à Fianarantsoa.

Rosemarie Martin

samedi 19 octobre 2013

D'Ouest en Est

Vendredi 18 octobre 2013


Je suis à Tana, en partance pour un séjour de deux semaines à Sainte Marie. Bizarrement, alors que les élections approchent, c’est pour le 25 de ce mois, les rues me semblent plus sûres, je ne sens plus les regards des voleurs qui en un clin d’œil évaluent la potentialité d’un vol imminent sur ma personne. Alors que je m’étonnais de cette situation, on m’a dit à la réception de l’hôtel où je loge, qu’il y avait beaucoup plus d’argent à se faire avec la manne de la propagande électorale, il y a plusieurs meetings chaque jour.

J’ai laissé Rouge Beauté, à Mahajanga, avec un peu de regret alors que nous avons un beau local et tant de choses à organiser avec la nouvelle coopérative d’achat. La peinture est terminée, l’installation électrique est faite, mais il manque encore le compteur et c’est la croix et la bannière pour en obtenir un, en fait, il n’y en a pas en stock, il faut attendre un désabonnement. Attendre, toujours attendre… j’ai beaucoup de mal à m’y faire et c’est pourtant une pratique quotidienne et généralisée pour un grand nombre de démarches.

Hier, j’ai déjeuné avec Aurélie Razafinjato, à Antananarivo, une des initiatrices du projet Rouge Beauté, c’est toujours un plaisir de discuter avec cette femme intelligente, chaleureuse et efficace qui, depuis longtemps, se bat pour l’engagement des femmes dans la vie sociale et politique, au sein du VMLF dont elle est présidente nationale. Elle est très engagée auprès des artisanes de la région de Haute Matsiatra avec laquelle nous avons une convention.

À Tana, j’ai également rendu visite à l’association Zanaka, j’y passe, en général à chacun de mes voyages dans la capitale. Zanaka est une association de la région nantaise qui fait partie, comme Rouge Beauté, du Collectif Mada. Le collectif Mada regroupe des associations œuvrant pour Madagascar. L'objectif est de rendre plus efficaces et plus coordonnées les actions de ces associations menées tant en France qu'ici, à Madagascar.

À bientôt sur l’île de Sainte Marie

Rosemarie Martin

dimanche 6 octobre 2013

De l'espoir à l'horreur

6 octobre 2013



Me voici revenue donc à Madagascar depuis un mois, les artisanes de Mahajanga sont ravies de leur nouveau local même s’il reste encore beaucoup à faire.




Nous venons d’obtenir une aide locale de LPSA d’environs 2100€ pour la peinture qui est presque terminée maintenant, l’électricité et les moustiquaires.
L’installation des sanitaires, d’une urgence extrême, ainsi que les grilles de sécurité font partie, malheureusement, d’une autre demande de subvention… dont le dénouement est un peu compliqué pour l’instant. 


Même si nous avons l’impression d’être dans une coquille vide, sans équipement, le travail continue. 
Pour créer un peu d’émulation nous avons décidé d’organiser un concours, tous les mois, au sein de l’équipe. 
La semaine dernière, les "tresseuses" de raphia se sont mesurées sur la vitesse, la prochaine fois, la compétition portera sur la créativité. 
Ce petit exercice m’a, également, permis de mieux mesurer les temps de production, en effet, les femmes travaillant chez elle, sur leur temps libre entre l’entretien de la maison, les soins aux enfants et la préparation des repas, il leur est difficile de bien évaluer la durée de leur travail artisanal et donc d’en estimer le coût.


Les cours de français continuent.



La semaine dernière, j’ai fait un déplacement de 4 jours dans la région de Mitsinjo, un voyage bien éprouvant mais riche d’enseignement. Mitsinjo est située au sud de Mahajanga, de l’autre côté du fleuve, la Betsiboka, à 80 Kms, c’est-à-dire, 3 heures de piste. 
Emmanuel Terree, grâce auquel Rouge Beauté a obtenu une subvention de la Fondation Total, et son épouse Danielle, venus nous rendre visite, étaient du voyage.
Dans les différents villages (très isolés, accessibles en charrette à zébus ou à moto…), j’ai donc pu discuter avec les femmes des diverses associations qui veulent intégrer Rouge Beauté et qui sont en grande demande de formation.

L'idée pour l’Association locale, Asity, avec qui j’ai organisé ces visites c’est de ne pas dilapider les ressources naturelles telles que le raphia en proposant aux femmes de le transformer afin d’obtenir des revenus plus conséquents. L’idée est belle et simple sur le papier, mais sur le terrain, il est évident qu’il y a encore beaucoup, beaucoup à faire avant que les femmes arrivent à vivre de leur production artisanale.
 suis passée pas loin du découragement durant ce périple, mais nous ferons vraiment tout notre possible pour que le projet fonctionne pour ces femmes. Le prochain rendez-vous est prévu pour la mi-novembre à Mahajanga, deux femmes de chaque association, donc une douzaine, vont venir en formation à Rouge Beauté.

L’horreur s’est passée sur l’île de Nocy Be, la foule a lynché et brûlé, 3 personnes, les mouvements de foules sont implacables et incontrôlables, ils suivent les rumeurs... C'est monstrueux pour ces personnes qui se sont faites lyncher. Ce n’est pas la première fois que la foule applique la justice populaire, on peut lire, régulièrement dans la presse, ce genre d’exaction. Il y a quelques années, dans un village où je travaille régulièrement, deux personnes, dont une avait abattu un épicier, ont été lynchées par la population villageoise, battues à mort pendant deux jours. Je n’ai jamais demandé qui avait participé à ce lynchage mais il y a certainement des gens avec lesquels j’ai des relations amicales. Quand j’ai exprimé mon horreur, on m’a répondu : « Mais que veux-tu qu’on fasse, sinon, ils payent et s’en sortent comme ça ». Les mots me manquent pour qualifier ce problème de justice, mais je ne peux m’empêcher de penser au calvaire et à l’épouvante de ces victimes livrées à une foule haineuse et incontrôlable et je ne peux pas m’empêcher de penser à l’impact psychologique sur les personnes participant à ces lynchages, sur les enfants qui étaient là… vivre avec cet acte en soi, l’assouvissement de cette haine meurtrière collective… Peut-on continuer à vivre normalement ?

Rosemarie Martin

mardi 25 juin 2013

Mahajanga, fin de la première tranche du chantier.



Voilà, je suis sur le départ pour deux mois en France après cette quatrième année de projet.

 Ce soir, c’est la veille de l’anniversaire de l’Indépendance, tout Madagascar est en fête. J’avais prévu de partir de bonne heure pour l’aéroport, bien m’en a pris, dans tous les quartiers de la ville, la foule est dans la rue, la plupart des enfants portent des lampions ou « des épées ou baguettes magiques chinoises », c’est très beau, et très gai, un grand sourire en cette période de crise.

Je pars au lendemain de notre déménagement, en effet, nous venons tout juste de réintégrer nos locaux agrandis. Enfin, les travaux ne sont pas encore terminés, seule la première tranche l’est.  Pour une meilleure luminosité et protéger les parpaings, nous avons tout badigeonné à la chaux, le budget pour la peinture arrivera plus tard. Nous attendons des fonds, également, pour installer l’électricité, les cadres moustiquaires, les sanitaires, les grilles de sécurité et tout l’équipement,   machines à coudre, outillage… Lorsque tout cela sera installé, nous mettrons en place tout un programme de formation intense, Malgache, Français, informatique, chapellerie, tissage, broderie, crochet… Deux nouvelles recrues sont arrivées dans l’équipe qui est passée à 24 membres. À la rentrée de septembre, nous lancerons une information à la télé et à la radio, nos nouveaux locaux nous permettent de recevoir un plus grand nombre d’artisanes. 
La coopérative d’achat se met en place, peu à peu.

Comme je l’abordais dans le dernier message, nous sommes en train de créer un partenariat avec l’Association Asity et des Associations de femmes du District de Mitsinjo, une contrée de la région de Boeny à une centaine de kilomètres au sud de Mahajanga.  Pour l’instant, nous avons négocié, un contrat pour l’achat du raphia auprès des producteurs et Robine, l’artisane-relais Rouge Beauté, est allée donner des formations techniques aux femmes. En septembre, je me rendrai à Mitsinjo pour offrir une formation design car il y a des associations qui souhaitent intégrer Rouge Beauté. Ensuite, Robine et moi irons de temps en temps et les femmes viendront, par deux ou trois, chaque mois, sauf en saison des pluies, pour se former chez nous et apporter leurs objets à vendre sur notre site.

Vendredi 28 juin 2013, une soirée est organisée 22, rue Henri Lamour à Rezé pour une présentation informelle de l’avancée du projet, des objets artisanaux Rouge Beauté y seront présentés.

L’Assemblée Générale se tiendra, à la même adresse à 19h, le vendredi 30 août 2013, elle sera suivie d’une soirée de soutien à l’Association.

À bientôt sur la page rouge.


Rosemarie Martin

jeudi 23 mai 2013

Fianarantsoa, Sainte Marie et retour à Mahajanga


Je suis allée à Fianarantsoa, fin mars, début avril, nous avons renouvelé la Convention de Partenariat avec la Région de Haute Matsiatra dans le but, en ce qui concerne l’artisanat des femmes, de « faciliter la transformation du secteur rural isolé en un secteur productif, professionnel, compétitif et intégré dans le marché ». Les parties prenantes de cette convention sont donc Rouge Beauté et la Direction de Développement Régionale de la Région de Haute Matsiatra mais aussi la Direction Régionale de l’Artisanat et le CEDII (centre de formation et d’information). Mon travail, auprès d’Associations de femmes artisanes, souvent situées  des villages reculés, consiste surtout à apporter une ouverture culturelle, faire naître de nouveaux modèles, de nouveaux produits, faire prendre conscience de l’importance d’une qualité impeccable et, avec les partenaires locaux, réfléchir à de nouveaux débouchés commerciaux pour ces productions. À chacun de mes passages, à raison de deux fois quinze jours par ans, je travaille avec 5 ou 6 associations que vous connaissez déjà pour la plupart (Cf. les messages précédents).



Dans la foulée, je me suis rendue à Sainte Marie, je vous passe les éternels problèmes de taxi-brousse, cette fois-ci, une lame de suspension, frottant sur un pneu, l’a fait éclater…
Avant de monter à Ambatoroa, sur le site de Rouge Beauté, j’ai rendu visite à Madame Julienne, présidente de l’Association des femmes de Madagascar à Sainte Marie, la FI.A.MA, qui m’a annoncé que le 8 mars 2014, l’île célèbrera la Journée de la Femme à Ambatoroa. Les artisanes Rouge Beauté auront la responsabilité de participer à l’organisation de cet événement et ce sera l’occasion, pour elles, de présenter et de vendre leurs productions. J’ai également rencontré La Directrice Régionale du Tourisme et de l’Artisanat, nous avons encore parlé du fait que l’artisanat vendu aux touristes, sur l’île, ne soit pas d’origine locale, c’est un frein pour le développement de l’artisanat saint marien. L’idée d’une Maison des Artisans est toujours dans l’air.
À Ambatoroa, les artisanes continuent leur production. Elles ont produit un nouveau modèle en Nous avons reçu la visite d’une adhérente, enchantée de sa visite.
L’île a encore vécu un drame, un naufrage a eu lieu le lundi 29 avril, une embarcation qui fait la navette entre Sainte Marie et Tamatave. La Rozina 5, avait à son bord une vingtaine de personnes, deux, d’entre elles, n’ont pas pu être secourues, deux Saint Mariens.
Le palu continue son macabre travail sur l’Île, un enfant de 5 ans, en est encore mort à Ambatoroa ces jours-ci. 

Depuis le 5 mai, je suis de retour à Mahajanga, le chantier avance bien, nous en sommes à la charpente de la partie atelier. Nous attendons avec impatience notre déménagement car depuis décembre, nous sommes confinées dans un tout petit local.
Le mois d’avril a été très bon, pour la production et la vente, début mai également, depuis le 15, ça se calme. Robine est repartie à Mitsinjo, pour rencontrer un producteur de raphia auquel nous l’achèterons directement. Ce raphia sera produit et teinté dans le respect de la nature sous le chapeautage de l’association ASITY qui œuvre pour la protection de la nature dans cette région.


En ce moment, actualité oblige, nous sommes, avec tous les artisans labellisés de Mahajanga sur un stand de vente pour la fête des mères, au centre ville à côté de la Croix-Rouge. Cet événement se nomme : « Tsisy Kara mama », maman incomparable.
Les 7 et 8 juin, nous sommes conviés à la Célébration Régionale de la Journée Mondiale de l’Artisanat, qui se tiendra à la maison de la Culture de Mahajanga.

Voilà les nouvelles en ce joli mois de mai.

À bientôt

Rosemarie Martin




vendredi 29 mars 2013

Le chantier, pour la création de la coopérative d'achat, la salle de formation et l'agrandissement de la boutique, continu à Mahajanga




Aujourd’hui, c’était jour férié à Madagascar, jour de commémoration : le 29 mars 1947 débutait l’insurrection malgache. Cet événement est souvent considéré comme l’un des signes avant-coureurs de la décolonisation en Afrique francophone.

Ce soulèvement fut suivi d’une terrible répression conduite par l’armée française qui fit plusieurs milliers de morts. Le nombre des victimes, dont de nombreuses femmes et enfants, fait encore débat parmi les historiens, il varie de 11000 à 100000, voire plus.

Je suis à Antananarivo depuis hier. Quand j’ai quitté le chantier d’agrandissement de notre local à Mahajanga, les menuisiers et les maçons étaient en pleine bisbille. Pour les uns, les linteaux n’étaient pas droits, pour les autres, les portes et fenêtres n’étaient pas aux bonnes mesures, enfin, tout cela va finir par s’arranger, je ne m’en fais pas trop.
Il est prévu deux charpentes différentes, une, au-dessus de l’espace de stockage, en bois carrés qui supportera des tôles et du satrana (feuille de palmier), l’autre en bois ronds sur toute la partie droite de la bâtisse qui, elle, ne sera recouverte que de satrana.
La charpente en bois carrée est terminée, mais n’est pas entièrement installée.
Le plancher est prêt, mais seules les pannes sont posées.
La partie maçonnerie n’est, cependant, pas tout à fait terminée car il reste deux poteaux et la dalle à couler. C’est un peu long à cause de la saison des pluies, le ciment a eu du mal à sécher, c’était prévisible, heureusement que cette année, la météo a été clémente sur Mahajanga. Nous avons eu beaucoup de chance quant aux cyclones contrairement aux nombreux sinistrés de la région de Tuléar.

Robine, l’artisane-relais de Rouge Beauté à Mahajanga revient tout juste de Mitsinjo, pour discuter, ainsi que d’autres artisans du Label Angaya, avec l’Association de protection de la nature, Asity, présente dans cette zone de la province. Nous sommes en train de mettre en place une sorte de convention pour leur acheter du raphia, en gros, du naturel et du coloré, collecté et teinté dans le respect de la nature. Bien sûr, ce ne sont pas les artisans qui sont à l’origine de la déforestation mais les palétuviers font, maintenant, partie, des essences protégées. Précédemment, nous achetions leur écorce pour teinter le raphia, nous pourrions encore le faire car les règles sont bien peu respectées mais nous ne tenons pas à participer au pillage, il faut le dire, assez systématique,  de la nature.

Question production et commerce, cette saison a été meilleure que l’an passé. Il nous tarde de déménager dans nos locaux agrandis et de mettre en place notre coopérative d’achat et un nouveau programme de formations.
Laingo a crée un nouveau modèle de chapeau pour homme, femme et enfant.

Ce matin, j’ai parlé, au téléphone, avec Philomène, l’artisane-relais de Sainte Marie, cette fois-ci, je ne pense pas avoir de mauvaises surprises lors de ma prochaine visite à la fin du mois d’avril, la production est bien repartie. 

Dimanche ou lundi, je pars à Fianarantsoa, à suivre...

Rosemarie Martin


mercredi 16 janvier 2013

Fin 2012, début 2013






Au mois de décembre, j’ai passé, une quinzaine de jours, à Sainte Marie. Côté taxi-brousse, toujours les mêmes frayeurs (Cf. message d’avril 2012), à l’aller nous avons carrément perdu la plaque-moteur, nous ne l’avons su que lorsque, le moteur fut au plus bas, au sens littéral du terme. Nous avons donc dû attendre un autre véhicule, guère plus fringant. Au retour, j’ai bien cru que les arceaux à l’arrière du pick-up allaient s’écraser sur nous, sous la surcharge, il faut dire que nous étions 24 personnes dans le véhicule dont quatre sur le toit, plus les marchandises. Les arceaux pliaient dangereusement sur la droite, le véhicule aussi, la piste était étroite, nous avons éraflé deux arbres au bord du précipice, j’ai bien cru que ma dernière heure était arrivée. C’est vraiment sur cette piste de Sainte Marie que j’éprouve les plus grandes craintes en taxi-brousse.



Sinon, côté boulot, à Ambatoroa, il y a eu quelques problèmes, Philomène, la responsable du groupe a cassé son téléphone cet été, elle n’a pas osé en racheter un autre avec la caisse commune, le groupe a donc perdu, pendant quelques mois, tous ses marchés car injoignable, heureusement, cela s’est arrangé en fin d’année. Les femmes d’Ambatoroa ont eu un autre souci, la patronne du magasin Couleur Café, à laquelle les artisanes avaient confié de l’artisanat en dépôt, a fermé son magasin et quitté l’Île sans crier gare et surtout sans payer la marchandise. Tout cela, on le comprend, avait un peu découragé l’équipe après un printemps mirobolant, du coup, la production s’en est ressentie, c’est une boutique bien tristounette que j’ai trouvée en arrivant. 
Maintenant, le moral est revenu et la production est repartie avec quelques belles commandes au sud de l’Île, de l’Hôtel Soanambo, une cinquantaine de pochettes sandrify, des demandes de sacs et de sandrify pour une autre boutique à Ambodifotatra et, Madame Joëlle, de l’Hôtel Lakana, ne nous oublie pas non plus.





À l’occasion de ce séjour, je suis allée à Ambohitra, au centre de Sainte Marie, rendre visite aux femmes artisanes de Nosy Mitarika, une association qui fait partie, comme Rouge Beauté, du collectif MADA Fitambarana, en France. Elles se sont rencontrées pour échanger avec Philomène, l’artisane-relais d’Ambatoroa. C’est bien de pouvoir se rendre service mutuellement.





En ce moment, 
c’est la récolte 
des noix de cajou, fruits de l’anacardier. Cette noix se développe à l’extrémité d’un pédoncule sorte de faux fruit, juteux et comestible appelé pomme de cajou. La noix, que vous connaissez sans doute, quant à elle, est grillée avant d’être consommée.


À Majunga, la structure Rouge Beauté n’a plus le même aspect depuis décembre car nous sommes en pleins travauxGrâce à une subvention de 5000 € de la Fondation Total obtenue fin 2012 et le don de 500 € de Inner Weel, nous avons pu démarrer, comme prévu, le chantier pour la construction de la coopérative d’achat, l’agrandissement de l’espace expo-vente et l’aménagement d’une salle de cours. Les murs pour l'agrandissement du magasin sont montés, des ouvriers sont en train de monter les pignons, d'autres mettent en place les poutres pour le plancher.

En attendant, nous avons déménagé, provisoirement, dans un petit local à une trentaine de mètres de là.

Le mois de décembre a été productif, même pour les voleurs, j’ai été soulagée, en l’espace de quinze jours, de mon téléphone et de mon vélo, deux moyens de communication bien utiles…

Depuis le début du mois, nous sommes entrés dans la saison des pluies, l’activité commerciale va se réduire durant ce premier trimestre, mais nous allons peut-être participer à deux nouveaux salons solidaires, en France, au printemps. Nous en saurons plus la semaine prochaine…

À bientôt, très bonne année 2013 de la part de toutes les artisanes Rouge Beauté.