Rouge Beauté œuvre pour le développement de micros-écoles d’arts appliqués à la production artisanale locale réalisée par les femmes à Madagascar. L’Association a choisi comme sites d’activité trois régions : la Haute Matsiatra, la Boeny et l’Analanjirofo pour y dispenser une formation artistique afin de développer la créativité. Son but est de mettre en valeur et de diversifier sensiblement la production artisanale locale afin d’en accroître la diffusion. Rouge Beauté vise l’autonomie financière de ces femmes qui peuvent maintenant produire, dans la durabilité, un artisanat créatif et original au sein de structures légères.

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mercredi 6 novembre 2013

À Sainte Marie

Je suis à Sainte Marie. Cette fois-ci, il n’y a pas eu d’aventures avec Toto, le chauffeur de taxi-brousse car il est en train de changer son disque d’embrayage. Deux autres taxis-brousse ont pris la relève, il faut dire le trajet est beaucoup plus facile à effectuer maintenant depuis que les travaux de la nouvelle route sont bien avancés. Dans quelques mois, la mauvaise piste ne sera plus qu’un souvenir, bon pour les uns, mauvais pour les autres. Cette nouvelle route reliant, Ambodifotatra, le chef-lieu de canton, au nord de l’île où se situe, justement, Rouge Beauté, va changer la vie des habitants.
Lorsque la crise sociale et politique sera terminée et que les touristes reviendront, je pense que nous ressentirons sensiblement les effets de ce désenclavement.

Nous avons, toutefois, un nouveau problème, le petit hôtel-restaurant local, auquel nous sommes jumelés depuis quatre ans, est en train de péricliter, il est boudé par tous les professionnels du tourisme, pourtant, il est bien situé sur la route des «piscines naturelles», à un kilomètre du bourg. C’est là que je loge. Comme il n’y a pratiquement plus personne qui s’arrête cela nous fait un gros manque à gagner et à se faire connaître.

Une des artisanes nouvellement arrivée dans le groupe nous propose une parcelle de terrain très bien située dans le bourg d’Ambatoroa où nous pourrions construire un nouveau local, bien plus grand celui-ci, l’actuel, très vétuste, ne fait que 6m2. Nous allons étudier la question, ce serait dommage de passer à côté d’une telle occasion car les terrains libres sont rares sur l’île mais nous ne pouvons pas trop grignoter sur notre budget de fonctionnement très limité et nous n’avons pas encore fait de demande de subvention pour ce nouveau projet…

Comme je le disais dans un message du mois de mai, les festivités de la journée du 8 mars, très prisées à Madagascar, se tiendront à Ambatoroa cette année, toute l’Île sera là. J’y serai donc, moi aussi, car Rouge Beauté étant une association de femmes, nous sommes très sollicitées par les organisateurs notamment la FI.A.MA, Association des femmes malgaches très active et reconnue. Notre rôle sera primordial dans cette manifestation.

Peut-être qu’en lisant ces propos vous demandez-vous pourquoi l’Association Rouge Beauté ne travaille-t-elle qu’avec des femmes artisanes et non des hommes, pourquoi ce choix ? En fait, c’est parce qu’il y a beaucoup plus à faire auprès de artisanes qui, pour la plupart, contrairement aux hommes, ne sont pas considérées comme de vraies professionnelles, on estime qu’elles travaillent à leurs moments perdus, donc peu importe si les prix de leurs produits sont complètement sous-évalués. Nous faisons donc tout un travail de revalorisation.

Lors de ma petite soirée de départ à Ambatoroa, Philomène me faisait remarquer que dans le groupe Rouge Beauté d’Ambatoroa, plus de la moitié des artisanes sont sans mari, ce qui ne correspond pas dutout à la réalité sociale du village. C’était la première fois que j’entendais les  femmes aborder ce sujet, j’ai eu l’impression qu’elles étaient plutôt fières de se débrouiller toutes seules.

Hier, j’ai rencontré, Monsieur Bimba Onezito, représentant du Ministère de la Population et des Affaires sociales ainsi que Madame Julienne Rasoazandry, présidente à Sainte Marie de l’Association FI.A.MA, pour parler du projet de Maison des Artisanes de Sainte Marie à Ambodifotatra. Ce projet nous tient à cœur depuis longtemps mais il avait été mis entre parenthèses depuis la mort de Monsieur Bimba père dans un naufrage, il y a plus d’un an. Comme je l’ai déjà exprimé, les boutiques d’artisanat de l’Île ne vendent quasiment exclusivement que des produits de grossistes, rien à voir avec la production locale. Cette Maison des Artisanes, lieu de vente et de formation serait un outil de valorisation indispensable pour l’artisanat  saint-marien.

Décidément, la journée d’hier a été fructueuse car j’ai trouvé, dans l’après-midi, deux machines à coudre à pédale, Singer, d’occasion, de très belles machines à coudre. Celles qu’on trouve habituellement ici ne sont que des copies chinoises, de marque Sincère, ça ne s’invente pas, et croyez-moi, elles ne le sont pas, sincères, le look y est mais pas la qualité.

Sinon, nous attendons les résultats des élections, c’est le calme à Sainte Marie.

Samedi dernier, j’ai été invitée à un Retournement des morts, Famadihana, dans le village d’Ambatoroa, c’est un rite funéraire très répandu dans la plupart des tribus malgaches. Le rituel consiste à déterrer les os des ancêtres, à les envelopper cérémonieusement dans un lamba, tissu blanc, et à les promener en dansant autour de la tombe avant de les réenterrer. À Madagascar, les Famadihana ont lieu, en général, tous les sept ans et donnent lieu à de grandes festivités réunissant toute le famille et tous les membres du village.

Je rentre, aujourd’hui, à Mahajanga avant de repartir dans une quinzaine de jours à Fianarantsoa.

Rosemarie Martin

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