Rouge Beauté œuvre pour le développement de micros-écoles d’arts appliqués à la production artisanale locale réalisée par les femmes à Madagascar. L’Association a choisi comme sites d’activité trois régions : la Haute Matsiatra, la Boeny et l’Analanjirofo pour y dispenser une formation artistique afin de développer la créativité. Son but est de mettre en valeur et de diversifier sensiblement la production artisanale locale afin d’en accroître la diffusion. Rouge Beauté vise l’autonomie financière de ces femmes qui peuvent maintenant produire, dans la durabilité, un artisanat créatif et original au sein de structures légères.

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mercredi 27 janvier 2021

Toujours en progression les artisanes Rouge Beauté à Madagascar !

Depuis mon dernier message, comme vous le savez la situation sanitaire mondiale n'a pas évolué dans le bons sens. Pour l'instant, Madagascar n'est pas le pays le plus mal loti. Une étude scientifique, menée conjointement par l’Institut Pasteur de Madagascar et le Ministère de la Santé, révèle que 40% de la population aurait déjà été infectée par le virus. Même si une très grande partie de la population a été contaminée, une très faible proportion a contracté une forme grave de la maladie mais personne ne peut prédire comment ça va évoluer...

L'état d'urgence sanitaire a été suspendue depuis la mi-octobre. Depuis cette date les mesures conservées sont : le port du masque obligatoire, la distanciation sociale à respecter et l'interdiction de rassemblement de plus de 200 personnes.

« Sur l’île, les grands rassemblements religieux ont repris. Le port du masque, bien qu’obligatoire, est loin d’être systématiquement respecté. Aussi, face à l’augmentation récente des cas positifs, plusieurs mesures viennent d’être prises. Les grands centres hospitaliers de la capitale ont interdit les visites. Les personnes testées positives au Covid-19 sont censées se soigner à l’hôpital, et non plus chez elles. Et la question du vaccin, jusqu’à présent refusée par le président de la République, pourrait donc revenir rapidement sur le devant de la scène. » RFI 16/12/20

En attendant, la meilleures défense contre une pandémie sur une île est l'isolement complet, les autorités de Madagascar ont pris de nouvelles mesures pour lutter contre la pandémie, tous les vols privés internationaux sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.

Pour l'instant, seuls les vols touristiques commerciaux vers l'île de Nosy-Be sont toujours autorisés mais les passagers ne peuvent pas circuler en dehors de la zone géographique de Nosy-Be.

Depuis cette fin d'année, de nouveaux foyers de contaminations sont apparus dans les Universités de Diego Suarez et de Majunga. L'Île de Sainte-Marie jusqu'à présent épargnée voit apparaitre plusieurs dizaines de nouveaux cas... à suivre...


Les conséquences économiques de la pandémie sont très importantes, selon la Banque Mondiale, dernière mise à jour sur le site : 31 juil. 2020 : « En 2020, l’impact économique, social et budgétaire de la crise du coronavirus est brutal. Les perturbations dans les échanges et les voyages internationaux ainsi que les mesures de confinement décrétées dans le pays devraient provoquer un tassement très net de l’activité, avec une chute attendue du PIB à 1,2 %, très en deçà des prévisions d’avant la crise, qui tablaient sur un rythme de 5,2 %. Dans ce contexte, les populations vulnérables dans les zones urbaines seront particulièrement exposées aux difficultés économiques et aux pièges de la pauvreté. ...»


L'activité de Rouge Beauté est repartie cahin-caha en s'appuyant sur les réseaux sociaux et en développant le système de livraison à domicile dans tout Madagascar. Même si le chiffre d'affaire des artisanes de Mahajanga a bien baissé en 2020, ces deux derniers mois ont été encourageants, par contre à Sainte-Marie et à Fianarantsoa, la situation reste catastrophique. Nous ferons le point après la saison des pluies en avril.


Échanges des Savoirs : 

Le temps de nous organiser, nous avons pu reprogrammé deux  « Échanges des savoirs » jumelés avec des formations design en décembre.

Les artisanes de Fianarantsoa à Sainte-Marie première quinzaine de décembre 2020 : La plupart des artisanes de Fianarantsoa n'étaient pas sorties de leur province, une grande découverte donc, le trajet en taxi-brousse interminable, le passage à Antananarivo très dépaysant, le bateau très éprouvant pour certaines, l'arrivée enchanteresse sur l'île de Sainte Marie verdoyante et pour cause !!! Il a plu toute le long du séjour.

En cette période de grandes difficultés économiques il faut plus que jamais être compétitifs et se démarquer du lot. Les différents confinements à Madagascar ont généré une consultation accrue des réseaux sociaux, notre page FaceBook est très visitée quand il y a des nouveautés, notre atout principal est la diversité.

Cette session a donc porté sur la recherche de motifs adaptés aux divers techniques échangées avec la consigne de n'utiliser que du noir, du brun et la fibre naturelle. Après deux jours pour s'affranchir des habitudes, de nouveaux motifs ont vu le jour, les images sont plus parlantes que de longues phrases. Toutes les artisanes ont réussi.

Les artisanes de Sainte-Marie à Mahajanga deuxième quinzaine de décembre 2020 Les artisanes de Sainte-Marie ont donc passé Noël à Mahajanga, difficile de faire autrement car il fallait boucler le projet avant la fin de l'année et avant le retour éventuel de la Covid. Elles sont arrivées avec un beau cadeau trouvé en chemin, non loin de Mahajanga, des champignons appelés Tai-kinine car ils poussent au pied des Eucalyptus et ressemblent à de la bouse de vache. 


Ces champignons sont très précieux car ils servent à faire de la teinture dans les tons brun/noir, les artisanes de Fianarantsoa les connaissent bien, elle les avaient fait découvrir aux femmes de Sainte-Marie, nous ne pensions pas en avoir à Majunga trop sec, mais à une vingtaine de kilomètres, les Saints Mariennes en ont trouvés à foison. Belle découverte !


Cette session a commencé par une journée de teinture, les artisanes de Sainte-Marie ayant des difficultés à fixer la couleur. Ensuite, les deux équipes ont continué la recherche de nouveaux motifs avec le raphia, le satrana et le penja avec à la clef un concours en fin de session.

Ces échanges dépassent le domaine professionnel,  sont aussi l'occasion d'une ouverture vers d'autres cultures, d'autres coutumes, la découverte de leur pays que souvent les artisanes ne connaissent pas. C'est aussi un moment privilégié pour souder les liens entre collègues et amorcer des échanges futurs.

Grâce à ces partages des savoirs et aux formations design, les artisanes apprennent la notion de « propriété intellectuelle ». Les modèles appartiennent toujours à une femme ou à un groupe de femmes si la découverte est collective.


À Rouge Beauté nous faisons des prix fixes, on nous objecte régulièrement que le marchandage est une tradition à respecter à Madagascar mais, pour moi, ce n'est pas un argument valable, si on y réfléchit bien les traditions ne sont que des habitudes qui sont défendues par ceux qui en profitent, heureusement qu'on en a laisser tomber un grand nombre au fil du temps. Avec le système de marchandage, ce n'est pas l'ouvrage qui a une valeur mais l'acheteur. En développant leurs propres modèles et en leur attribuant un coût de revient juste, les artisanes de Rouge Beauté retrouvent le sens du travail bien fait, qui a un prix. C'est une valorisation de leur activité et donc de leur personne. Cela change fondamentalement le rapport au travail. 


Autres formations :

À Majunga, nous sous lançons dès maintenant un grand plan de formation : diverses techniques artisanales mais aussi calcul, alphabétisation, français, gestion pour les 5 responsables, usage des réseaux sociaux pour la visibilité des produits et la communication, photographie...




Akanin'Ankizy, la maison des enfants : 

Un nouveau programme de formation pour une pédagogie ludique à destination des animatrices a débuté fin décembre. Le soutien scolaire reprend en ce début d'année.

En novembre, les enfants ont pu enfin faire leur voyage-découverte de 5 jours à Katsepy, au sud de Majunga. Ils ont pris le bac pour traverser l’embouchure de la Betsiboka. Ils étaient logés à l'hôtel, Chez Madame Chabaud. Ils ont visité le village de pêcheurs, le phare qui offre un magnifique panorama, rencontré des lémuriens, ils sont allés au restaurant... Cette sortie a aussi pour but d'offrir aux enfants des loisirs et du bien-être.

Grâce à un généreux don spécial, j'ai pu jouer le Père Noël avec mon sac à dos rempli de jouets, j'ai choisi beaucoup de jeux de construction cette fois-ci.

En ce moment, dans le jardin, les enfants cultivent des poivrons.


J'ai encore peu d'espoir de revenir en France cet été, on verra...


À suivre...

https://web.facebook.com/rougebeautemadagascar/

Rosemarie Martin



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