Rouge Beauté œuvre pour le développement de micros-écoles d’arts appliqués à la production artisanale locale réalisée par les femmes à Madagascar. L’Association a choisi comme sites d’activité trois régions : la Haute Matsiatra, la Boeny et l’Analanjirofo pour y dispenser une formation artistique afin de développer la créativité. Son but est de mettre en valeur et de diversifier sensiblement la production artisanale locale afin d’en accroître la diffusion. Rouge Beauté vise l’autonomie financière de ces femmes qui peuvent maintenant produire, dans la durabilité, un artisanat créatif et original au sein de structures légères.

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mardi 22 avril 2014

Déplacements, grande activité, chantier, délestage...

Me voilà encore de retour à Mahajanga mais, cette fois-ci, je suis allée faire de la formation auprès d’associations de femmes artisanes à Fianarantsoa qui travaillent le taretra, sisal et le forona, sorte de jonc.

En revenant, je me suis arrêtée à Antsirabe, pour la rencontre annuelle France Volontaire à Madagascar, la plupart des participants avaient, comme moi, le statut de VSI (Volontaires de Solidarité Internationale). C’est vraiment intéressant de partager des expériences, j’ai fait de belles rencontres, des actions communes pourront peut-être en découler.

Nous venons de passer un week-end de Pâques très animé, c’est une tradition à Madagascar que d’aller pique-niquer le lundi de Pâques, tous les gens de la ville viennent au bord de la mer, beaucoup marchent à pied, certains arrivent dès la nuit. Hier, il y avait un embouteillage monstre à Petite Plage où se déroulait également la régate : Majunga fait son tour du monde, ce sont les pêcheurs qui font la course, leurs voiles représentent un pays, une région du monde ou encore une association, c’était formidable !

À Rouge Beauté, Mahajanga, il y beaucoup d’activité en ce moment, les artisanes sont en plein boom à cause des vacances de Pâques qui arrivent avec, nous l’espérons, de nombreux tourismes.

Nous sommes aussi en plein chantier : les sanitaires, enfin et les grilles de sécurité sont en cours d’installation. Nous rêvions bien d’un monde sans grille mais l’Assurance n’était pas d’accord. Ces travaux ont été réalisés grâce à une belle subvention du Rotary Club. Il s’agit d’une AIPM (Action d’Intérêt Public Mondial), fruit de la collaboration entre le club de Nantes, le club de Mahajanga, un club anglais et le Siège,
La première tranche de travaux, le gros œuvre, avait été prise en charge par la Fondation d’entreprise Total et LPSA qui s’occupe de la logistique pétrolière à Madagascar. Le Rotary Club, finance, en plus des travaux déjà cités, de l’équipement informatique et de communication, des machines à coudre, des métiers à tisser, de l’outillage, du mobilier, et un gros plan de formation en vannerie, broderie, chapellerie,   couture, informatique…
Des formations en crochet, tissage, tressage du raphia et tressage du satrana, sorte de palmier, sont prodiguées depuis le 6 janvier, nous attendons pour bientôt les ordinateurs et les machines à coudre. Le matériel de bureau et pédagogique est déjà arrivé, les stores aussi. De nouveaux métiers à tisser sont en chantier, ensuite ce sera le tour du mobilier, nous manquons cruellement de tables et de rangements. Enfin, nous pensons que fin juin tout sera fini à part quelques formations, peut-être.

À l’heure où j’écris ces mots, il y a encore une coupure de courant, c’est presque tous les jours deux, trois, quatre heures, voire plus. Soupire !






Rosemarie Martin

lundi 17 mars 2014

Sainte Marie en mars


  
Me voilà revenue de la brousse depuis ce matin, déjà quinze jours que je suis à Sainte Marie, la plupart du temps à Ambatoroa, dans le Nord. La journée du 8 mars s’est très bien passée, toutes les femmes de l’Île s’étaient donné rendez-vous à Ambatoroa pour défiler en lambahoany colorés en chantant sur un fond de percussion. Pour moi, grande impatiente dans le pays du moramora, les discours ont quand même été… longs. Mais bon, le bal de la veille, les défilés, la bonne humeur, la musique, les échanges… les femmes sont pleines d’énergie. Cette journée m’a aussi permis de rencontrer la plupart de nos partenaires.

En parlant de partenariat, Rouge Beauté vient de s’affilier à l’Office du Tourisme de l’Île qui fait peau veuve. Un grand projet de Charte de Tourisme Durable est en train de s’échafauder avec tous les acteurs de l’économie touristique. Pour l’instant, c’est le stade de l’état des lieux, ensuite seront définis les critères de cette charte puis viendra le temps de la mise en place et le suivi, tout ça va prendre au minimum un an.
Nous avons reçu, à Rouge Beauté, la visite du chargé de mission pour l’étude préalable. Si cette charte se met en place nous pourrons être une des étapes de circuits touristiques. Il y a encore beaucoup à faire à Sainte Marie pour améliorer le tourisme.

Tout cela est vraiment positif, seule  au tableau, je vous en avais déjà parlé début novembre, l’hôtel Chez Antoine auquel nous sommes accolées, est en passe de fermer, nous devons donc déménager au village dès que nos finances nous le permettront.
La route d’Ambodifotatra à Ambatoroa, est maintenant presque terminée, ce qui va sans doute transformer la vie des villageois à plus ou moins court terme. Un nouveau taxi-brousse s’est installé qui se nomme Transport rapide, en plus il est confortable, finies les galères dans des véhicules pourris et dangereux.

Demain, je vais aller rendre visite à l’hôtel Soanambo, notre meilleur client sur l’île qui vient de nous faire une nouvelle commande et j’irai voir aussi mes amis de l’Hôtel Lakana qui nous ont toujours soutenu dans notre action.

Malgré les difficultés relatives au site, la matière première, le penja, plus dur à travailler en période de pluie, les artisanes continuent à produire.
Nous sommes en train d’exploiter une  façon de tisser le penja.
Une nouvelle recrue connaît une technique de macramé très intéressante pour le raphia.

Mercredi, je reviens à Mahajanga.




Rosemarie Martin

lundi 17 février 2014

Nous avons conçu un nouveau rideau, en satrana, pour protéger l’atelier de la pluie de l’Est, c’est Robine qui l’a réalisé. Du coup, nous avons des commandes de ce modèle, très pratique.

Si la plupart des artisanes travaillent chez elles, les lundis et les vendredis après-midi, elles doivent impérativement venir à la micro-école Rouge Beauté de Petite Plage, le vendredi pour les formations et le lundi pour apporter leurs nouvelles productions et se répartir l’argent gagné à la boutique dans la semaine. Des formations sont aussi organisées à d’autres moments.


Comment se calcule de prix des produits et à qui va l’argent ? À chaque fois qu’une artisane crée un nouvel objet, nous faisons une fiche de produit comportant la description de l’objet, les matériaux qui le composent, leur coût et le nombre d’heures de travail à 1000 Ar l’une. À ce total, on ajoute 20%, 15 pour la vendeuse et 5 pour les menus frais de l’Association des femmes artisanes, Mena Tsara. Le lundi est donc toujours un jours plein de promesses.

En ce moment, il y a des ouvriers sur mon toit en satrana car il est plein de trou et comme c’est la saison des pluies, je vous laisse imaginer les seaux et bassines qui jonchent le sol de mon bungalow. Là, il y a une petite éclaircie, je fais sécher les draps et oreillers… Mais bon, je sais que question pluie, je n’ai rien à envier à ceux d’entres-vous qui habitent dans l’ouest de la France…
Pour en revenir au satrana, c’est un palmier local dont on utilise les feuilles pour réaliser la plupart des toitures de la région mais aussi pour l’artisanat. Il y a deux techniques le tressage et le « macramé ».

Sinon, mauvaises nouvelles, nous n’avons toujours pas obtenu de compteur, c’est le désespoir !!!! L’installation électrique est finie depuis longtemps mais…


Mercredi de la semaine prochaine, je pars pour Sainte Marie via Tana.

À très bientôt

Rosemarie Martin

mercredi 22 janvier 2014

La saison des pluies s'est installée, le travail continue


Le ciel s’est éclairci à Petite Plage, pluie s’est arrêtée et l’ylang-ylang situé juste devant ma maison délivre son parfum…
Depuis quelques jours, des pluies torrentielles se sont abattues sur Mahajanga, nous les attendions plutôt en février et de moindre intensité. Les habitants des bas quartiers de la ville ont dû évacuer leur maison.



Les artisanes courageuses sont quand même venues travailler, elles confectionnent en priorité des rideaux car nous en avons beaucoup vendus pendant les vacances de Noël.


La plupart du temps, il y a autant, sinon plus, d’enfants en bas âge que d’adultes à l’atelier. Au début de mon activité ici, j’avais dans l’idée d’organiser une crèche, nous l’avions même inscrit dans les projets Rouge Beauté, vu de France, ça paraissait une très bonne idée, mais, je me suis aperçu au fil du temps que ce n’était pas dutout adapté. À Madagascar, les enfants sont sevrés très tard, pendant toute la période d’allaitement maternel, ils sont accrochés à leurs mamans de façon fusionnelle, dès qu’on les éloigne, ils hurlent, c’est normal, aucune activité collective n’est donc possible pour ces tous petits.

Une autre bonne idée dont on me parle souvent, travailler avec des matériaux ou objets de récupération, oui, une belle idée en Europe où nous jetons tout si facilement mais ici, il n’y a rien à récupérer tout est utilisé jusqu’au bout, tout est usé jusqu’à la corde.


Un petit avis à la population qui soutient Rouge Beauté : le Collectif Mada, ligérien, dont Rouge Beauté fait partie avec 8 autres associations: Avertem, Bokiko, Diego Développement, Hetsika, Madagascar Solidev, Nosy Mitarika, Tsara Be et Zanaka gèrera un espace de restauration, le samedi 12 avril 2014 à Mauve lors du festival du polar, Mauve en noir. Cette activité permettra au Collectif de s’auto financer. Pour cette soirée, l’aide de 2 personnes supplémentaires est nécessaire, alors, si vous êtes disponible et si vous avez envie d’aider le collectif, contactez Vonjy de l’Association Etsika : hetsika@gmail.com, c’est l’occasion de passer un bon moment dans une bonne ambiance tout en travaillant beaucoup.

Puisque j’aborde le sujet de la recherche de fonds, continuons avec Rouge Beauté. Tous les ans, il nous faut trouver de nouveaux financements, ce n’est pas le travail le plus drôle, ni le plus facile à faire. Vous ne le savez peut-être pas mais, la plupart des grosses entreprises ont une Fondation d’Entreprise, donc, si vous travaillez ou avez de proches amis qui travaillent au sein d’une telle entreprise, n’hésitez pas à vous renseigner, en général, ce sont des procédures simples, donc avis à tous, ensemble, on a plus de chance. Il nous faut préparer l’an prochain dès aujourd’hui.


L'année dernière, nous avons fait une demande auprès du Rotary Club de Nantes, le contact a été très bon, nous avons rencontré des gens de grande qualité et cette année le Club va nous financer des sanitaires, des grilles de sécurité, du matériel informatique, des machines à coudre… et de la formation. C’est une belle collaboration entre différents clubs, je vous tiendrai au courant de l’avancé du projet au fur et à mesure.

À bientôt et bonne année 2014

Rosemarie Martin



mercredi 25 décembre 2013

Noël sous les tropiques

Les femmes de Tsaramandroso m’ont accueillie très chaleureusement comme d’habitude.
En Haute Matsiatra, j’encadre donc, deux fois par an, 4 à 6 associations, à Fianarantsoa même, à Tsaramandroso, un quartier éloigné du centre ville et à Mahasoabe à une vingtaine de kilomètres.
Le voyage pour Mahasoabe, en taxi-brousse local, que je craignais, s’est avéré très drôle, après quelques petites pannes à l’aller, au retour, nous avons eu droit à une joute verbale réjouissante entre deux villageois pleins d’humour et légèrement grisés, il faut le dire, comme tous les autres passagers revenant du marché de Mahasoabe. J’ai passé un très bon moment.










Je progresse en malgache, je viens de réaliser que le champignon, Tay kinina, pour la teinture,  dont je rebats les oreilles à tout le monde, se traduit littéralement « merde de quinine », en fait, c’est un champignon qui pousse au pied des eucalyptus et il a bien l’air de son nom mais il est très efficace pour obtenir des teintes allant du marron clair au noir.

Un seul bémol, sur les Hauts Plateaux, les pluies torrentielles et orages tous les après-midi.











Je suis de retour Mahajanga, à depuis quinze jours et n’en bougerai pas avant début mars.Le groupe de femmes Rouge Beauté continu à s’étoffer suite à une information faite lors d’une réunion de Fokontany, le Fokontany est une subdivision administrative qui gère un ou plusieurs villages ou un quartier. Les nouvelles recrues viennent donc essentiellement du village de Petite Plage, là où nous sommes implantés.
Nous organisons, depuis quelque temps, un concours de créativité tous les mois, lundi dernier, c’était sur le thème du tissage et des rideaux, il y a eu 3 lauréates.

En ce jour de Noël, tout est calme, nous craignons un peu les réactions à l’annonce des résultats électoraux courant janvier...




À bientôt

Rosemarie Martin




mardi 26 novembre 2013

La pluie arrive

Ces quinze derniers jours à Mahajanga ont été très actifs, dès mon retour de Sainte Marie, nous avons reçu, pendant cinq jours, une dizaine de femmes de la région de Mintsinjo. J'en parlais dans le message du 6 octobre, en réponse à la demande de 6 associations de femmes de cette Région, nous allons les aider à transformer artisanalement leur matière première. Le raphia est en danger d'épuisement mais elles doivent pouvoir garder, voire améliorer, leur pouvoir d’achat tout en réduisant l’exploitation massive en raison de grosses commandes pour l’exportation de la part des Indopakistanais et des Grecs. 

Ces cinq jours ont été très fructueux, les femmes ont fait preuve d’une grande curiosité et d’une grande avidité à réaliser de nouveaux objets. Elles ont appris à tisser, à coudre à la machine, à teindre les fibres, à agencer les couleurs, à rechercher de nouvelles formes de corbeilles, à faire des chapeaux en assemblant des tresses… 



La rencontre avec les artisanes Rouge Beauté de Mahajanga a débouché sur de nouvelles créations pour les unes et  les autres. 

Les femmes de Mitsinjo avaient ramené des graines de raphia avec lesquelles nous avons créé des rideaux anti-mouches. 

Nous avons intégré les tresses ajourées à du tissu pour faire des rideaux et trouvé un nouveau modèle de corbeille en empruntant une technique à l’artisanat du penja. Il y a eu des couacs dont un affreux tapis de tresse ronde mais, c’est ça la création, il y a des ratés et c’est important d’en prendre conscience, on ne peut pas avancer sans prendre de risques.
À terme, les produits des artisanes de Mitsinjo prendront place dans la boutique Rouge Beauté de Petite Plage. 

La semaine dernière, les artisanes de Mahajanga se sont mesurées pour trouver de nouvelles combinaisons dans la composition des tresses plates, il y a eu quatre lauréates. Le mois prochain, le concours portera sur les rideaux.

Un nouveau modèle de sac, en raphia tissé, a vu le jour.



La pluie arrive et heureusement, c’est la sécheresse, le niveau d’eau du petit lac de Petite Plage a tellement baissé que, pour la plupart, les poissons sont morts. Avec la pluie, arrivent les letchis de la côte Est, je me régale.

Depuis dimanche, je suis à Fianarantsoa, le voyage s’est bien passé, il y avait deux gendarmes dans le taxi-brousse en raison de la présence de brigands sur le tronçon de la RN7 entre Ambositra et Ambohimahasoa. Du coup, nous sommes arrivés très tôt car nous avons passé très vite les innombrables contrôles policiers.

Cet après-midi, je vais aller rendre visite aux femmes de Tsaramandroso qui travaillent le sisal.

N'hésitez pas à faire des commentaires ou à poser des questions sur ce blog.

À bientôt


Rosemarie Martin

mercredi 6 novembre 2013

À Sainte Marie

Je suis à Sainte Marie. Cette fois-ci, il n’y a pas eu d’aventures avec Toto, le chauffeur de taxi-brousse car il est en train de changer son disque d’embrayage. Deux autres taxis-brousse ont pris la relève, il faut dire le trajet est beaucoup plus facile à effectuer maintenant depuis que les travaux de la nouvelle route sont bien avancés. Dans quelques mois, la mauvaise piste ne sera plus qu’un souvenir, bon pour les uns, mauvais pour les autres. Cette nouvelle route reliant, Ambodifotatra, le chef-lieu de canton, au nord de l’île où se situe, justement, Rouge Beauté, va changer la vie des habitants.
Lorsque la crise sociale et politique sera terminée et que les touristes reviendront, je pense que nous ressentirons sensiblement les effets de ce désenclavement.

Nous avons, toutefois, un nouveau problème, le petit hôtel-restaurant local, auquel nous sommes jumelés depuis quatre ans, est en train de péricliter, il est boudé par tous les professionnels du tourisme, pourtant, il est bien situé sur la route des «piscines naturelles», à un kilomètre du bourg. C’est là que je loge. Comme il n’y a pratiquement plus personne qui s’arrête cela nous fait un gros manque à gagner et à se faire connaître.

Une des artisanes nouvellement arrivée dans le groupe nous propose une parcelle de terrain très bien située dans le bourg d’Ambatoroa où nous pourrions construire un nouveau local, bien plus grand celui-ci, l’actuel, très vétuste, ne fait que 6m2. Nous allons étudier la question, ce serait dommage de passer à côté d’une telle occasion car les terrains libres sont rares sur l’île mais nous ne pouvons pas trop grignoter sur notre budget de fonctionnement très limité et nous n’avons pas encore fait de demande de subvention pour ce nouveau projet…

Comme je le disais dans un message du mois de mai, les festivités de la journée du 8 mars, très prisées à Madagascar, se tiendront à Ambatoroa cette année, toute l’Île sera là. J’y serai donc, moi aussi, car Rouge Beauté étant une association de femmes, nous sommes très sollicitées par les organisateurs notamment la FI.A.MA, Association des femmes malgaches très active et reconnue. Notre rôle sera primordial dans cette manifestation.

Peut-être qu’en lisant ces propos vous demandez-vous pourquoi l’Association Rouge Beauté ne travaille-t-elle qu’avec des femmes artisanes et non des hommes, pourquoi ce choix ? En fait, c’est parce qu’il y a beaucoup plus à faire auprès de artisanes qui, pour la plupart, contrairement aux hommes, ne sont pas considérées comme de vraies professionnelles, on estime qu’elles travaillent à leurs moments perdus, donc peu importe si les prix de leurs produits sont complètement sous-évalués. Nous faisons donc tout un travail de revalorisation.

Lors de ma petite soirée de départ à Ambatoroa, Philomène me faisait remarquer que dans le groupe Rouge Beauté d’Ambatoroa, plus de la moitié des artisanes sont sans mari, ce qui ne correspond pas dutout à la réalité sociale du village. C’était la première fois que j’entendais les  femmes aborder ce sujet, j’ai eu l’impression qu’elles étaient plutôt fières de se débrouiller toutes seules.

Hier, j’ai rencontré, Monsieur Bimba Onezito, représentant du Ministère de la Population et des Affaires sociales ainsi que Madame Julienne Rasoazandry, présidente à Sainte Marie de l’Association FI.A.MA, pour parler du projet de Maison des Artisanes de Sainte Marie à Ambodifotatra. Ce projet nous tient à cœur depuis longtemps mais il avait été mis entre parenthèses depuis la mort de Monsieur Bimba père dans un naufrage, il y a plus d’un an. Comme je l’ai déjà exprimé, les boutiques d’artisanat de l’Île ne vendent quasiment exclusivement que des produits de grossistes, rien à voir avec la production locale. Cette Maison des Artisanes, lieu de vente et de formation serait un outil de valorisation indispensable pour l’artisanat  saint-marien.

Décidément, la journée d’hier a été fructueuse car j’ai trouvé, dans l’après-midi, deux machines à coudre à pédale, Singer, d’occasion, de très belles machines à coudre. Celles qu’on trouve habituellement ici ne sont que des copies chinoises, de marque Sincère, ça ne s’invente pas, et croyez-moi, elles ne le sont pas, sincères, le look y est mais pas la qualité.

Sinon, nous attendons les résultats des élections, c’est le calme à Sainte Marie.

Samedi dernier, j’ai été invitée à un Retournement des morts, Famadihana, dans le village d’Ambatoroa, c’est un rite funéraire très répandu dans la plupart des tribus malgaches. Le rituel consiste à déterrer les os des ancêtres, à les envelopper cérémonieusement dans un lamba, tissu blanc, et à les promener en dansant autour de la tombe avant de les réenterrer. À Madagascar, les Famadihana ont lieu, en général, tous les sept ans et donnent lieu à de grandes festivités réunissant toute le famille et tous les membres du village.

Je rentre, aujourd’hui, à Mahajanga avant de repartir dans une quinzaine de jours à Fianarantsoa.

Rosemarie Martin

samedi 19 octobre 2013

D'Ouest en Est

Vendredi 18 octobre 2013


Je suis à Tana, en partance pour un séjour de deux semaines à Sainte Marie. Bizarrement, alors que les élections approchent, c’est pour le 25 de ce mois, les rues me semblent plus sûres, je ne sens plus les regards des voleurs qui en un clin d’œil évaluent la potentialité d’un vol imminent sur ma personne. Alors que je m’étonnais de cette situation, on m’a dit à la réception de l’hôtel où je loge, qu’il y avait beaucoup plus d’argent à se faire avec la manne de la propagande électorale, il y a plusieurs meetings chaque jour.

J’ai laissé Rouge Beauté, à Mahajanga, avec un peu de regret alors que nous avons un beau local et tant de choses à organiser avec la nouvelle coopérative d’achat. La peinture est terminée, l’installation électrique est faite, mais il manque encore le compteur et c’est la croix et la bannière pour en obtenir un, en fait, il n’y en a pas en stock, il faut attendre un désabonnement. Attendre, toujours attendre… j’ai beaucoup de mal à m’y faire et c’est pourtant une pratique quotidienne et généralisée pour un grand nombre de démarches.

Hier, j’ai déjeuné avec Aurélie Razafinjato, à Antananarivo, une des initiatrices du projet Rouge Beauté, c’est toujours un plaisir de discuter avec cette femme intelligente, chaleureuse et efficace qui, depuis longtemps, se bat pour l’engagement des femmes dans la vie sociale et politique, au sein du VMLF dont elle est présidente nationale. Elle est très engagée auprès des artisanes de la région de Haute Matsiatra avec laquelle nous avons une convention.

À Tana, j’ai également rendu visite à l’association Zanaka, j’y passe, en général à chacun de mes voyages dans la capitale. Zanaka est une association de la région nantaise qui fait partie, comme Rouge Beauté, du Collectif Mada. Le collectif Mada regroupe des associations œuvrant pour Madagascar. L'objectif est de rendre plus efficaces et plus coordonnées les actions de ces associations menées tant en France qu'ici, à Madagascar.

À bientôt sur l’île de Sainte Marie

Rosemarie Martin

dimanche 6 octobre 2013

De l'espoir à l'horreur

6 octobre 2013



Me voici revenue donc à Madagascar depuis un mois, les artisanes de Mahajanga sont ravies de leur nouveau local même s’il reste encore beaucoup à faire.




Nous venons d’obtenir une aide locale de LPSA d’environs 2100€ pour la peinture qui est presque terminée maintenant, l’électricité et les moustiquaires.
L’installation des sanitaires, d’une urgence extrême, ainsi que les grilles de sécurité font partie, malheureusement, d’une autre demande de subvention… dont le dénouement est un peu compliqué pour l’instant. 


Même si nous avons l’impression d’être dans une coquille vide, sans équipement, le travail continue. 
Pour créer un peu d’émulation nous avons décidé d’organiser un concours, tous les mois, au sein de l’équipe. 
La semaine dernière, les "tresseuses" de raphia se sont mesurées sur la vitesse, la prochaine fois, la compétition portera sur la créativité. 
Ce petit exercice m’a, également, permis de mieux mesurer les temps de production, en effet, les femmes travaillant chez elle, sur leur temps libre entre l’entretien de la maison, les soins aux enfants et la préparation des repas, il leur est difficile de bien évaluer la durée de leur travail artisanal et donc d’en estimer le coût.


Les cours de français continuent.



La semaine dernière, j’ai fait un déplacement de 4 jours dans la région de Mitsinjo, un voyage bien éprouvant mais riche d’enseignement. Mitsinjo est située au sud de Mahajanga, de l’autre côté du fleuve, la Betsiboka, à 80 Kms, c’est-à-dire, 3 heures de piste. 
Emmanuel Terree, grâce auquel Rouge Beauté a obtenu une subvention de la Fondation Total, et son épouse Danielle, venus nous rendre visite, étaient du voyage.
Dans les différents villages (très isolés, accessibles en charrette à zébus ou à moto…), j’ai donc pu discuter avec les femmes des diverses associations qui veulent intégrer Rouge Beauté et qui sont en grande demande de formation.

L'idée pour l’Association locale, Asity, avec qui j’ai organisé ces visites c’est de ne pas dilapider les ressources naturelles telles que le raphia en proposant aux femmes de le transformer afin d’obtenir des revenus plus conséquents. L’idée est belle et simple sur le papier, mais sur le terrain, il est évident qu’il y a encore beaucoup, beaucoup à faire avant que les femmes arrivent à vivre de leur production artisanale.
 suis passée pas loin du découragement durant ce périple, mais nous ferons vraiment tout notre possible pour que le projet fonctionne pour ces femmes. Le prochain rendez-vous est prévu pour la mi-novembre à Mahajanga, deux femmes de chaque association, donc une douzaine, vont venir en formation à Rouge Beauté.

L’horreur s’est passée sur l’île de Nocy Be, la foule a lynché et brûlé, 3 personnes, les mouvements de foules sont implacables et incontrôlables, ils suivent les rumeurs... C'est monstrueux pour ces personnes qui se sont faites lyncher. Ce n’est pas la première fois que la foule applique la justice populaire, on peut lire, régulièrement dans la presse, ce genre d’exaction. Il y a quelques années, dans un village où je travaille régulièrement, deux personnes, dont une avait abattu un épicier, ont été lynchées par la population villageoise, battues à mort pendant deux jours. Je n’ai jamais demandé qui avait participé à ce lynchage mais il y a certainement des gens avec lesquels j’ai des relations amicales. Quand j’ai exprimé mon horreur, on m’a répondu : « Mais que veux-tu qu’on fasse, sinon, ils payent et s’en sortent comme ça ». Les mots me manquent pour qualifier ce problème de justice, mais je ne peux m’empêcher de penser au calvaire et à l’épouvante de ces victimes livrées à une foule haineuse et incontrôlable et je ne peux pas m’empêcher de penser à l’impact psychologique sur les personnes participant à ces lynchages, sur les enfants qui étaient là… vivre avec cet acte en soi, l’assouvissement de cette haine meurtrière collective… Peut-on continuer à vivre normalement ?

Rosemarie Martin