Je suis en France pour deux mois.
Focus sur Majunga et l’organisation de sa
micro-école Rouge Beauté.
Mahajanga est une ville très cosmopolite. Il y a en moment, 22
artisanes inscrites à Rouge Beauté, ces femmes sont issues de 6 ethnies
différentes, issues de différentes régions de Madagascar dont certaines sont
très loin : les Merina à Antananarivo, les Betsileo à Fianarantsoa, les
Betsirebaka à Manakara au sud-est du pays, les Tsihemety à Port Berger au nord
centre, les Sakalava de la région de Mahajanga, bien sûr et même une
Comorienne… Il y a beaucoup de va et vient, chaque ethnie se déplace ici faire
un travail précis : les Betsileo de la région de Fianarantsoa cultivent la
terre, les Antandroy, du sud de Tulear, conduisent les pousse-pousse et font
la vente ambulante de fruits en
portant de grosses bassines sur la tête, les Sakalava pêchent et vendent le
poisson... À l’occasion d’un événement familial, d’un mariage mais le plus
souvent d’un enterrement, les gens retournent dans leur famille, il arrive
souvent qu’ils ne reviennent pas, la plupart ont contracté des dettes pour
partir et ne peuvent ni les rembourser, ni payer leur voyage de retour, sans
compter que chacun vit dans le présent. Avec la crise, il y a des personnes qui
quittent une région, tout simplement, parce qu’elles y ont trop de dettes, la
crise ne fait qu’accentuer ce phénomène.
Organisation de la micro-école : Les femmes artisanes ne
travaillent que l’après-midi, la matinée étant consacrée à la famille. Elles
travaillent souvent chez elles (Rouge Beauté a équipé chaque artisane qui tisse
le raphia d’un métier à tisser) mais, il y a deux après-midi obligatoires, à
l’Association : le lundi et le vendredi.
Le lundi : chaque femme apporte sa production, c’est
la discussion autour des nouvelles créations, le point sur la production à
venir en fonction des savoir-faire et des ventes, répartition des gains,
formation design, information sur les événements à venir…
Le vendredi : cours de langue, initiation à
l’informatique.
Afin d’améliorer la production, nous encourageons
vivement, celles qui le peuvent à venir travailler 2 ou 3 jours par semaine à
l’Association. Il y a possibilité de faire la cuisine sur place.
Jusqu’ici, 30% des gains étaient mis de côté, 15%
pour l’achat de matériaux, 15% pour la vendeuse. Mais compte tenu que la
matière nécessaire à la confection d’un objet n’est pas la même pour tout le
monde, cela pose des problèmes d’équitabilité, donc de jalousie.
Nous projetons de créer une coopérative d’achat afin que les artisanes
puissent se responsabiliser dans leurs investissements et acheter la matière
première moins chère, sans subir la spéculation.Pour le raphia, nous mettons en
place un système, genre AMAP, avec les autres artisans labellisés de Mahajanga.
Des fiches de produit qui permettent
d’identifier et d’évaluer le coût de tout nouvel objet.
Le double étiquetage : une étiquette qui
reste à la caisse pour le contrôle des comptes, une pour le client qui permet
la traçabilité du produit.
Un cahier de caisse faisant apparaître les
gains et les pourcentages.
Un cahier d’inventaire : à ce jour nous avons
réalisé pas loin de 1000 objets.
J’ai eu récemment des nouvelles de Sainte Marie. La petite structure d’Ambatoroa
fonctionne sur le même modèle que celle de Mahajanga, en plus modeste. Les
femmes ont été très actives ces derniers mois avec les commandes de grands
Hôtels, le Soanambo et Lakana. Un nouveau magasin d’artisanat, le Couleur
café,
s’est ouvert à Ambodifotatra. Contrairement aux autres boutiques qui vendent
essentiellement des produits de grossistes, non fabriqués sur l’Île, le Couleur
Café présente surtout des produits locaux, c’est le choix de Paola, la jeune patronne,
qui a passé de nombreuses commandes au groupe Rouge Beauté.
Un petit bémol cependant, d’après deux voyageurs
rencontrés il y a peu, la boutique d’Ambatoroa ne serait pas ouverte tous les
jours… Cela devrait s’arranger après quelques conversations téléphoniques,
c’est très important car même si les artisanes ont du travail en ce moment,
cette boutique, c’est leur vitrine.
Je rentre à Madagascar le 4 septembre pour me rendre directement
à Mahajanga, car il y a la ligne Angaya à préparer pour la présentation à
Solidarissimo à Colmar avec tous les labellisés en novembre. Ce Salon est dédié
au tourisme et à l’économie solidaire en partenariat avec Tourisme Sans
Frontière.
Au programme également, pour cette rentrée une visite
d’une quinzaine de jours à Fianarantsoa à la mi-octobre.
En attendant, l’Assemblée Générale, Rouge Beauté se
tiendra le 1er septembre, à 19h, elle sera suivie d’une soirée de
soutien à 20h, cette soirée est ouverte à toute personne intéressée par
l’Association, il suffit de nous contacter pour obtenir les informations
nécessaires.
Rosemarie Martin
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