Lundi
20 Août 2018
Me
voilà en France depuis un mois et demi comme chaque année.
À Mahajanga, plus d'une soixantaine de femmes travaille régulièrement.
Nos matières premières sont le satrana,
palmier
local, et le raphia pour lequel nous avons, en ce moment, un problème
d'approvisionnement, nous avons pourtant signé un contrat avec un
producteur mais il nous mène en bateau depuis plus de deux mois,
nous avons trouvé d'autre raphia ailleurs mais pas suffisamment,
c'est un gros souci... Mais nous avons des pistes...
Cette
pénurie, rend les femmes encore plus créatives, elles utilisent les
chutes, se sont remises à faire des rideaux qui demandent moins de
matière première, le satrana est de plus en plus utilisé,
enfin, les résultats sont toujours là heureusement mais il ne
faudrait pas que cela dure trop longtemps.
Il
y a maintenant 64 artisanes au sein de Rouge Beauté à Mahajanga et
une quinzaine à Sainte Marie.
Cette
année, les femmes de Majunga ont bénéficié d'un programme de
formation très complet grâce au soutien du Secours Populaire de
Loire-Atlantique avec des formations techniques par sessions :
couture, teinture, tissage, tressage, nattage pour les nouvelles
recrues... et une formation continue en langue, calcul, informatique,
gestion, vente, « suivi de commandes », communication,
photos... pour tout le groupe.
Une formation pédagogique ludique a aussi été dispensée aux
animatrices de la Maison des Enfants, Akanin'Ankizy.
Les
artisanes de Sainte-Marie ont bénéficié d'une aide pour la
peinture du bâtiment, se sont équipées en ordinateurs et ont fait
un voyage d'échange des savoirs à Fianarantsoa.
En
mai, je suis allé à Sainte-Marie, mon séjour a été très dense,
la formation design a porté ses fruit avec la création de nouveaux
modèles. De plus, les artisanes ont reçu une commande importante à
organiser, j'ai dû aussi mettre en place la formation informatique,
nous avons prévu 3 niveaux, les femmes presque analphabètes qui
juste à partir d'un mot découvrent des images, le niveau moyen qui
va aborder l'utilisation des réseaux sociaux et les 3 responsables
qui vont se perfectionner en bureautique. Cet apprentissage est long
mais là, nous avons choisi une approche ludique, directement sur
l'ordinateur car maintenant nous avons suffisamment d'appareils pour
les travaux pratiques.
En
Mai, les artisanes de Fianarantsoa ont reçu les artisanes de
Sainte-Marie pour un échange de savoirs et une formation design.
Qui
sont les bénéficiaires de Rouge Beauté ?
Origines
ethniques : Les femmes du groupe Rouge Beauté Mahajanga
sont issues de six ethnies différentes, de diverses régions de
Madagascar dont certaines sont très éloignées : les Merina à
Antananarivo, les Betsileo à Fianarantsoa, les Betsirebaka à
Manakara au sud-est du pays, les Tsihemety à Port Berger au
nord-centre, les Sakalava de la région de Majunga et une comorienne…
Cette diversité enrichit les pratiques.
À
Mahajanga, 92% des femmes habitent dans les villages environnants et
8% sont des citadines de Mahajanga.
À Ambatorao, Sainte-Marie, les artisanes sont toutes originaires de
l'Île et même du village pour la plupart.
À
Fianarantsoa, comme à Sainte-Marie, les artisanes ont des origines
locales.
Situations
familiales
Les
situations familiales sont souvent difficiles (veuvage, divorce,
chômage du mari, alcoolisme…).
Niveau
scolaire : 85% n’ont pas dépassé le niveau primaire (31%
des femmes ont des difficultés à écrire, 12% sont analphabètes),
11% sont allées au collège, 4% ont dépassé le niveau collège et
la bonne nouvelle c'est que parmi les enfants des artisanes Rouge
Beauté, 3 jeunes filles sont à l'Université et participent aux
activités de l'association.
Répartition des âges : 7% ont moins de 20 ans, 15% des femmes ont
entre 20 à 30 ans ; 23% entre 30 et 40 ans ; 11% entre 40
et 50 ans ; 6% entre 50 et 60 ans et 2% de plus de 60 ans.
L'association
contribue à faire vivre 225 personnes à Mahajanga et 52 à
Sainte-Marie.
La
gestion des gains à Mahajanga et à Sainte-Marie
Le chiffre d'affaire est nettement en hausse : grâce au bouche à
oreille et à la page Facebook qui reçoit de 5000 à 12000 visiteurs
par semaine, le chiffre d'affaire des artisanes a augmenté de 27%
par rapport à l'an passé.
La
gestion des gains par l’Association Mena Tsara
Depuis
2013, Rouge Beauté a passé la main. Les outils de gestion que nous
avons créés en concertation, permettent aux femmes de gérer
elles-mêmes leurs gains au sein d’une association, Mena Tsara. La
patente est désormais à ce nom.
Au
prix de revient d’un produit (matière + main d'oeuvre) que
récupèrent intégralement les artisanes, 20% sont ajoutés pour
constituer le prix de vente. Ces 20% sont répartis comme suit :
10% reviennent à la vendeuse et 10% paient les menus frais et la
patente. Les artisanes achètent leur matière première et toutes
leurs fournitures à la coopérative d’achat. Elles sont maintenant
autonomes pour la plupart. Nous avons créé un système particulier
pour les artisanes qui ne sont pas encore prêtes à anticiper leurs
achats.
Recherche de partenariat commerciale dans différentes régions de
Madagascar, pour l'instant, nous avons trouvé deux magasins
revendeurs réguliers de nos produits, l'un à Tamatave, l'autre à
Antananarivo. Nous sommes souvent contactés pour vendre en dehors de
Madagascar mais nous ne sommes pas encore en mesure d'exporter.
Akanin'Ankizy,
un nid pour les enfants à Mahajanga.
La
structure que nous avons créée l'an passé à Mahajanga se porte
bien. Nous avons dû toutefois déménager en raison du comportement
de l’ancien propriétaire, pour un nouveau gîte à 50m du premier,
toujours bien situé entre les villages des artisanes de Rouge
Beauté.
Comme
vous le savez, la maison accueille 4 nuits par semaine 2 à 6
enfants. Les problèmes de certaines mamans, en grandes difficultés,
rejaillissent forcément sur les enfants. Le week- end et le midi,
nos petits pensionnaires sont avec leurs mamans. Nous veillons à ce
que les enfants soient dans des écoles correctes. L’association
qui paie donc la scolarité et les fournitures scolaires quand c'est
nécessaire.
Le
soir à Akanin’Ankizy, Niry, Yvonne et Julietta se relaient 2 par 2
pour aider les enfants dans leur scolarité et leur donner
l’affection dont ils manquent souvent. Il n’est pas rare, en
effet, que les enfants soient considérés par leur famille comme des
employés de maison.
Tous
les mercredis soir, le soutien scolaire s’adresse à une douzaine
d’enfants et le vendredi après-midi, l’atelier
théâtre-danse-chant attire une bonne quinzaine d’enfants. Lors
de la visite de deux de nos parrains, Catherine et Lucien en
novembre dernier, les enfants ont produit un petit spectacle. Un
autre a eu lieu en juin.
À
suivre
Rosemarie Martin
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